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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 06:06

A Bayonne hier, la foule revendiquait la paix. Et l'on se demandait si elle en voulait à Franco, à la France, ou à ETA.

Ce 8 avril 2017, l'organisation terroriste aura donné ses caches. D'armes, de munitions, d'explosifs. Et demande désormais que l'on cesse les poursuites.

Carlos, dans sa cellule dorée où il croupit à perpétuité pour d'innombrables attentats aura souri. Lui, l'impétueux combattant armé qui revendique le statut de "révolutionnaire professionnel" a du se dire qu'une page se tournait. Il a revu le ciel doré de Damas, humé le souvenir du thé brûlant à la terrasse des cafés au Yemen. Il a sans doute repensé à cet "enlèvement" par les forces spéciales françaises, un jour au Soudan.

Né sous l'étoile romantique marxiste des années 70, ETA avait vu le jour sous une inspiration catholique progressiste. L'idéal chrétien-démocrate n'aura pas duré.

ETA en fait n'a rien compris. Dès le début.

 

 

 

Dès 1973, l'organisation n'avait plus grand chose à faire de ses idéaux. En assassinant l'Amiral Carrero Blanco, alors que le régime franquiste commençait, doucement mais sûrement à s'ouvrir, sous le poids fatigué d'un Franco à bout de souffle, ETA a passé une vitesse. Celle de trop.

L'Espagne et son Roi, la légalisation du parti communiste, le processus démocratique enclenché à la force de la volonté de Juan Carlos, contre les fidèles franquistes, au risque d'un coup d'Etat en 1981: de tout cela, ETA n'a rien vu. Ou pas voulu voir.

Pis, l'organisation basque, sous couvert d'une lutte faussement libératrice, est devenue une simple organisation de terreur: rançons des Basques, enlèvements, assassinats. 829 morts tous azimuts (dont la moitié de civils), comme une corrida qui n'en finirait pas de sueur et de larmes. Sans le style. Sans toro.

ETA n'a rien compris. Des années 80 et de ses nouvelles moeurs.

On a tué pour elle, plus que jamais alors que l'Espagne était devenue, depuis longtemps, un espace de libertés et d'expression. On a assassiné sans voile, avec la cruauté qui n'avait plus lieu d'être, dans un pays pacifié, ou tout au moins libéré de 40 ans de Franco.

Il est ainsi flagrant, au décompte des morts par ETA de constater que l'organisation n'a jamais autant tué que dans l'Espagne démocratique. Paradoxe injustifiable. Preuve d'une dérive de pure terreur que ni les institutions espagnoles, ni l'idéal révolutionnaire marxiste ne peuvent expliquer.

Sauf la folie d'une organisation qui, dans le fond, n'a jamais ou presque compris sa raison d'être.

Sinon celle de tuer. Aveuglément.

 

 

 

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 07:47

Ce matin en me levant, j'ai dit OUF ! Qui aurait pensé que Donald TRUMP appliquerait les promesses non tenues de l'administration démocrate ?

 

 

En 2013, Barack OBAMA avait tenu une belle promesse. Fixé une ligne rouge, à ne pas franchir, en application des conventions internationales interdisant l'utilisation d'armes chimiques.

En 2013, OBAMA avait prévenu: l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien marquerait une frontière irrémédiable qui, si elle était franchie, amènerait les USA à intervenir.

En  2013, toute la communauté internationale avait applaudi à cette promesse.

En 2013, ASSAD a gazé ses propres populations. Et OBAMA n'a pas bougé.

Alors depuis cette défaillance, cette promesse non tenue, ASSAD continue, et use du chlore, du gaz sarin, des barils balancés sur les populations, civiles ou militaires, sans distinction. Cette défaillance d'OBAMA a ainsi permis au régime syrien de comprendre qu'en réalité, même gazés, les Syriens n'avaient plus à attendre rien des puissances extérieures.

Hier soir, en ordonnant une réplique militaire en visant des objectifs militaires directement concernés par le bombardement chimique mené cette semaine par ASSAD, TRUMP a enfin tenu la promesse d'OBAMA.

Et les mêmes qui dénonçaient la lâcheté d'OBAMA s'offusquent de cette décision...parce qu'elle vient de TRUMP.

Merci Donald,

Pour la première fois depuis 2013, l'Occident rappelle à ASSAD, aux Chinois et Russes, que les armes chimiques sont une limite à ne pas dépasser.

Il aura fallu 4 ans de massacres.

Donald TRUMP, hier soir, a fixé une ligne. La même que celle tracée par OBAMA. Sauf que le nouveau président américain a montré, cette nuit, qu'une ligne fixée, ne peut désormais plus être franchie sans conséquence.

Belle leçon pragmatique !

Dont le monde entier avait clairement besoin. N'en déplaise aux irresponsables idéalistes, Monsieur TRUMP vient de sauver des milliers de civils pour l'avenir !

Le vrai prix Nobel de la Paix ne sera peut-être pas celui qu'on croyait...

 

 

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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 17:32

Il y a quelques mois, je déjeunais avec un élu du Parti Socialiste. Nous ne nous connaissions pas, juste par nom interposé. Et pour des raisons bien extérieures à la politique. Alors nous avons déjeuné tous deux. Les têtes à têtes sont comme les premières mains frôlées entre amoureux. On s'y livre peu à peu, avec retenue et l'on s'imprègne de tout. La lumière, les bruits  infimes.

Le déjeuner fut bon. Le restaurant était cossu. 

Il s'étonnait de mon "macronisme" mais sans plus. Sa génération avait fait les deux septennats de Mitterrand. Et il y a trop de "Mitterrand" chez Macron pour qu'il ne demeurât pas insensible à ce nouveau venu. Il me parla des "deux gauches", de leur coexistence depuis des décennies. Il invoqua Blum tout autant que Mendes, et en cela il n'avait pas bien tort. "Cela a toujours été ainsi au Parti Socialiste". C'était sa conclusion. Elle me laissa sur ma faim.

Samedi, en regardant le meeting de Jean-Luc Mélenchon, cette noria rassemblée telle des sans culottes devant les Tuileries un certain été, j'ai souri. Et j'ai tiqué.

Relisez donc Maurras. Puis écoutez Mélenchon. Vous tremblerez. Les parallèles sont là.

 

 

 

 

"Dégagez", voilà ce que scandait la foule. Jeune, ou plus âgée. Mais déterminée à "débarrasser le plancher" de ces institutions qu'elle conspue. Et de ces élus qu'elle exècre. Il y a chez Mélenchon, un antiparlementarisme patenté. C'est le Poujade des villes. Marine, elle, s'occupe bien des campagnes.

Dimanche ce fut au tour de Hamon. Et là, j'ai bien souri. D'incrédulité. Ce discours était creux. Sans structure. Sans logique. Sinon celle de l'incantation des anciens, des souvenirs. Un pays doit certes savoir d'où il vient. C'est même fondamental. Encore faut-il construire. Rome adulait ses Dieux mais avançait, à marche forcée.

Mélenchon, lui, l' a bien compris. Et l'a bien construit. Son programme tient la route. Une route aride et sèche, sans retenue ni détour. C'est du Fillon de gauche. On y lit une logique, une vision, une méthode (chose plus rare). Et l'on saisit de suite qu'une telle force vaut bien 130 000 âmes et quelques millions de bulletins.

Hier soir, en regardant Hamon, j'ai repensé aux foules de la veille. A cette primaire qui, comme à droite, a emporté les digues, faisant surgir l' innatendu..et le plus faible. Hamon fait dans l'incantation. Mais il ne dessine rien. L'inverse d'un Jospin qui se refusait à invoquer le passé, pour assumer le présent et construire l'avenir.

Hier, je me suis dit qu'objectivement, si l'on était à la gauche de la gauche, on irait voter Mélenchon. Je n'irai pas, je n'en suis pas. Et je n'en ai jamais été.

La logique serait donc que Mélenchon l'emporte. Pas au final, non. Mais au soir du 23 avril. Qu'il dépasse en score le candidat Hamon. La logique serait celle-là.

Mais la logique est rarement révolutionnaire...le populisme, si.

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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 06:36

Le 18 mars 1978, dans l'explosion de sa voiture piégée, décédait François Duprat, figure encore jeune de l'ultra droite raciste. Avec lui, c'est sûr, les seuls "Blancs" auraient droit de vote. Les autres, métèques d'ailleurs et de partout seraient jetés aux loups. Ou jetés en Seine. A défaut de chambres à gaz, dont cet intellectuel contestait l'utilisation par le Troisième Reich...

 

 

 

 

 

 

 

Mais les "Blancs" qui resurgissent depuis quelques temps, sont moins dangereux. Parait-il.

Avant hier, une pétition s'est affichée sur Facebook. Une adresse lancée au Président Hollande, lui demandant la reconnaissance "du vote blanc" comme expression démocratique. A les entendre, il n'y aurait ainsi personne en qui ils se retrouveraient. Aucun programme, aucune vision qui puisse répondre à leurs aspirations.

Dans 5 semaines, les Français auront à exprimer leur vote. Duprat voterait sans doute Marine Le Pen. Encore que...Les autres, même indécis, auront eu le temps de prendre connaissance des programmes, des candidats, des propositions et promesses.

Ce matin, le Conseil Constitutionnel rendra publique la liste des candidats qualifiés à se présenter, selon les règles des 500 signatures de "grands électeurs". Combien seront-ils ? une dizaine sans doute.

Avec chacun son programme. Sa vision. Son courant d'idées.

La revendication de ce droit au vote blanc revient sans cesse. A presque chaque élection. Plus encore aux présidentielles. Comme si le jeu politique, l'histoire de la pensée politique ne répondaient plus à rien. Ni à personne. En tout cas pas à ceux-là de nos concitoyens.

Le blanc est une belle "couleur" aurait sans doute pensé Maurras. Etendard de la Royauté. Et l'on revoit ainsi Henri De la Rochejacquelein dressé fièrement en combattant de la Contre Révolution vendéenne au combat, le drapeau blanc de lys d'or flottant derrière.

Cette revendication du vote blanc comme alternative démocratique interpelle pourtant. Car la reconnaitre ce serait reléguer l'abstentionnisme comme forme d'expression de rejet. Mais plus encore, voter blanc en affirmant ne pas se reconnaitre dans une dizaine de candidats interroge. Le 23 avril prochain, les Français auront pourtant la presque totalité des familles politiques à leur disposition. Depuis la révolution ouvrière de Nathalie Arthaud, jusqu'à la république nationaliste identitaire du Front National, en passant par toutes les nuances de la gauche, de la droite, et même du centre. Toutes ces familles, ces courants ont fait l'Histoire de France depuis au moins 4 siècles, pour les plus anciennes. D'autres sont nées plus tard. Chacune présente un héritage, une histoire. Une assise.

Et cela m'étonnerait bien que ces signataires de pétition aient lu Tocqueville, Maurras, Marx ou Chateaubriand. Car jamais je n'ai rencontré parmi ces signataires un seul capable de me développer une seule de ces théories. Et de m'expliquer en quoi, parmi toutes ces familles politiques aucune ne répondrait à sa vision du vivre ensemble.

Le blanc est sans doute tentant à certains. Les mêmes qui ne s'engagent nulle part. Faute d'avoir pris le temps de connaitre l'histoire politique. Leur histoire. La nôtre. Sans laquelle on ne peut construire l'avenir.

Reconnaitre cette expression serait sans doute la fin des fins pour le principe démocratique. La consécration de cette nouvelle lâcheté contemporaine faite de paresse et d'ignorance.

Pauvre Jules Ferry...

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Published by Manolito
6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 04:53

Ce devait être un pari fou. Les cieux semblaient s'y opposer même. Dimanche 5 mars, au lendemain de son 63ème anniversaire, François Fillon a pourtant réussi le coup de poker que peu le pensaient en mesure de réaliser.

70 000 personnes (source garantie, sur place et non officielle) au Trocadéro pour voir celui que Les Républicains ont voulu écarter de cette course à la présidentielle après l'avoir adoubé. Brutus lui même avait bien poignardé César. Les nuits des longs couteaux ne sont pas l'apanage du seul Troisième Reich.

Rarement on aura vu Fillon aussi seul, aussi combattif et finalement aussi bon. Dans sa logique.

On attendait une attaque sur les juges. Il a fait fusiller par la foule réunie, en un seul mot, en un seul souffle, populaire, les dirigeants de son propre parti.

Celui que ni Sarkozy, ni Juppé ni les autres ne prévoyaient, celui qui durant deux ans est allé par monts et par vaux, à la rencontre d'une certaine France, celle de droite, qu'on avait oubliée, ou voulu croire disparue. Mais tels les clochers de nos villages, cette France existe bien, elle perdure, même silencieuse.

C'est cette même France que Patrick BUISSON avait sans cesse défendue auprès de Nicolas SARKOZY. Ne jamais oublier d'où l'on vient. La France, dans cette vision, vient autant de Charles MARTEL que d'Austerlitz. Autant catholique que païenne. Les Celtes unis à la foi romaine. Et à tant d'autres.

Hier, 5 mars, François FILLON a tenu bon. Il a fait ce qu'il avait annoncé: se poser en candidat légitime, sur un piédestal des plus solides. Faisant fi de son propre parti, il s'est installé sur un socle. Celui composé des 4 millions d'électeurs des primaires de novembre.

Il en a appelé au Peuple, tel De Gaulle en 1958, 1962, 196...

Patrick BUISSON a du frissonner. Et repenser à toute la vindicte qu'il avait lui même subie.Injustement.

Je continue à lire, chaque jour, ce pavé buissonnien "La Cause du Peuple" dans un formidable contexte. Chose rarement vécue par un lecteur; s'endormir chaque soir sur des analyses, et les voir vivantes au petit matin, sur l'écran de la télévision.

Reste que si François FILLON a brillamment réussi son pari, devenant indéboulonnable en candidat populaire de la droite, la stratégie buissonnienne est celle là même qui a fait chuter Nicolas SARKOZY en 2012.

Cet appel à une France des racines et des clochers contre l'establishment est respectable. Il est surtout rédhibitoire car il renvoie au rang de subalternes les partis. De Gaulle l'a certes déjà fait. Et d'autres après lui.

Mais pour gagner, François FILLON doit aussi penser au corps électoral qui se déplacera à l'élection présidentielle. Il pèse 40 millions, soit dix fois plus que les 4 millions des primaires.

Encore un pari délicat. Pour celui qui a longtemps fait figure d'homme de droite, certes, mais à la sensibilité sociale forte.

On ne gagne pas une présidentielle en se refermant sur son camp. Il faut aller conquérir les âmes et les coeurs bien au delà de ses seuls partisans.

Le Trocadéro hier a sans doute marqué un tournant. Mais l'horizon est encore loin. Bien au-delà des seuls clochers...

 

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4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 06:11

Le 19 mai 1940 en la cathédrale Notre-Dame de Paris, ce fut une foule. Dépitée et souffreteuse. Une messe pour des cadavres. Le Reich avait lancé depuis 9 mois ses armées à l'assaut de l'Europe. La Pologne était tombée, en deux jours. L'Autriche était revenue à son berceau germain. Ne restait que la France. Ou presque.

Et dans cette drôle de guerre où Maginot renfermait tant d'espoirs vains, on vit tout un exécutif se prosterner.devant Dieu. L'Homme a souvent tendance à se courber plein de pêchés qu'il regrette. Souvent bien tardivement...

Personne n'avait écouté les mises en garde presque identiques d'une certaine extrême droite qui prévoyait le risque allemand, et d'une rare gauche nationaliste qui voyait elle aussi le péril HITLER. La France du Front Populaire, BLUM et DALADIER, communièrent dans une seule et même erreur, le suicide d'un pays.

Les paradoxes sont rarement où on les imagine...

A l'été 1997, Lionel JOSPIN commit une grave erreur. Pas la dernière d'une pourtant belle aventure. Mais l'une des plus symptomatiques. Le limogeage d'Henri GUAINO, dernier "Commissaire au Plan". Héritier de la Libération et de la première constitution sociale de la France. Celle de 1946, issue largement du programme du CNR.

GUAINO est un peu à la droite ce que ROCARD fut à la gauche. Un trublion. Un "fada" comme aimait à le dire amicalement Charles PASQUA. On écoute rarement les fadas, on s'en amuse.

GUAINO voit souvent juste. Avant les autres. Souvent contre eux.

Pourtant Henri avait clairement mis en garde contre "les Primaires". Pendant qu'à gauche, à droite, et même chez les pathétiques mais drôlatiques "écolos" tout un chacun se félicitait de leur avènement comme processus pré électoral qui allait s'ancrer dans la vie de nos partis. Les relever d'une morte lente, d'un discrédit populaire hérité de 30 années de jacqueries internes.

GUAINO l'avait dit: "on ne gagne des primaires qu'en radicalisant son discours. Et l'on ne peut présider un pays, réunir une majorité sur une base radicale".

A gauche, Benoît HAMON se retrouve à la tête d'une candidature qui fait fuir près de la moitié de sa base électorale puisque élu sur un discours de rupture avec le quinquennat de Hollande. Pis, il ne présente presque aucune différence avec le positionnement de Mélenchon. Sinon une touche verdâtre.

A droite, François FILLON a gagné haut la main une primaire qui n'avait pas divisé son camp à ce point depuis 1995 et l'aventure BALLADUR.

Qui plus est, fort des masses militantes, il tente de s'imposer face à son propre parti qui n'en veut plus. Rabâchant à ses détracteurs qu'il pèse 60% d'un corps électoral de droite dont on imagine sans doute mal la sociologie réelle.

Et à côté de ce beau monde s'étripant chaque jour un peu plus, deux candidats pas même issus d'un choix du suffrage, MACRON et LE PEN virevoltent et s'envolent dans les sondages.

Les Primaires devaient revivifier les partis. Elles sont en train de les tuer. Et avec eux, le principe même de représentation et de délégation du pouvoir. Base d'un Etat de droit.

La France est au bord de l'abîme. Les masses se soulèvent. Et la République vacille un peu plus...comme l'avait prédit Henri GUAINO.

Il y a des prédictions qui valent mieux qu'une messe.

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25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 06:14

En ces temps agités où les fractures semblent prégnantes entre le peuple et l'Etat, la lecture de Patrick Buisson résonne tout particulièrement. Pourtant hier soir, en lisant "La Cause du Peuple" j'ai vite décroché. On en reparlera ici. Ce livre est des plus exigeants.

Hier soir je me suis endormi sur les rives du Tage. Aux heures florissantes du Portugal tout puissant on y chassait les Juifs. La nuit aidant, j'ai entendu les sabots des Dragons du Roi Soleil martelant les routes de la France de l'Ancien Régime. Il y a des jours où l'on se féliciterait presque des répressions, juive au Portugal, protestante en France.

Les marranes tout autant que les réformés d'alors nous ont nourri tant de belles pages politiques depuis.

 

Quand au soir de 1955 le Gouvernement Mendès-France tomba sur l'affaire algérienne, la IVème République venait de se tirer une balle en pleine tête. En plein hémicycle du Palais Bourbon. Les grands suicides collectifs ne valent souvent que par leur lieu emblématique. PMF avait envoyé promener les partis. Morts selon lui, responsables de ne pas apporter une espérance au pays. Et aux Français.

Mendès France tombé, il n'y avait plus rien à sauver. Ce Gouvernement était le dernier à pouvoir relever les défis. Il avait pourtant pleinement réussi jusqu'alors. Evitant à la France deux guerres de décolonisation, en Indochine et en Tunisie. La troisième enterra un régime entier. Alger passerait par les paras et De Gaulle mais aussi et presque surtout par Guy Mollet. Et tant de morts, des deux côtés...

Quand en 1988, fraichement (et brillamment) réélu, François Mitterrand nomma Michel Rocard Premier Ministre, il crut alors l'enterrer. Comme il avait enterré Mendès-France trente ans plus tôt. Le vieux marrane n'était plus. Sans témoin à vous conspuer, l'assassinat est plus aisé. Mais d'assassinat il n'y eut point. Durant 3 années, Michel Rocard mena la France de la façon la plus brillante que l'on pouvait espérer. A la tête d'un gouvernement centriste. Faisant fi des partis.

Mercredi soir, on a vu Bayrou et Macron réunis. Et là j'ai repensé à Mendès et à Rocard.

A entendre certains, cela sentirait l'aventure des plus illusoires. On a dit de même pour Mendès-France. On l'a répété pour Rocard. Ces deux gouvernement furent les derniers à pouvoir insuffler une dynamique. Et obtenir des succès. Avant l'effondrement. D'un régime pour l'un, d'une présidence pour le second. En les refusant, les Français d'alors ont tué deux fois le pays.

L'Histoire ne se répète pas. Mais les institutions, elles, connaissent toujours les mêmes fins.

Il y a peut-être dans cette proposition Macron-Bayrou une chance. La dernière. Comme celle que Pierre Mendès-France en 1955 et Michel Rocard en 1991 défendaient.

Prenons garde à ne pas oublier l'Histoire passée. En cela, au moins, Patrick Buisson a raison.

Encore faut-il que cette connaissance du passé soit diffuse aux consciences collectives. Rien n'est moins sûr...la France a souvent préféré le suicide et le renoncement à ses propres valeurs. Prenons garde, les loups sont aux portes du palais...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Published by Manolito
18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 07:24

Il y a quelques semaines, les Français (et d'autres) se disaient stupéfaits. Ebahis, presque sans voix devant l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Et l'on entendait partout autour de nous cette interrogation "mais comment un type aussi basique dans son raisonnement peut-il devenir président de la première puissance mondiale ?".

Donald Trump ne sera peut-être qu'un clown. Les cirques passent, allant de ville en ville. Après la représentation, la vie reprend son cours.

Le Français, se souvenant sans doute de sa toute puissance passée, se peignait alors comme dernier garant d'une exigence. Morale, intellectuelle, humaniste. Face aux USA qui venaient, selon lui, de basculer dans le ridicule. Le manichéisme et la facilité ne règneraient pas en terre de France, qu'on se le dise !

Et pourtant il est arrivé. Ou revenu. Il a pris place depuis deux jours.

Depuis jeudi, le Français ne pense plus. Il juge, sans débat. Sans réfléchir. Le blanc, le noir. La Terreur et son Tribunal Révolutionnaire auraient-ils ressuscité ?

Cette semaine, Emmanuel Macron était en Algérie. Et qu'a-t-il dit ? Rien moins qu'une certaine vérité. Mais beaucoup plus que cela. Si le crime contre l'Humanité est un débat c'est parce qu'il fluctue sans cesse entre un statut de concept et une norme juridique. Encore bien fraîche, forgée dans un contexte si particulier, celui de la seconde guerre mondiale, instrumentalisée d'abord à des fins politiques, puis généralisée, presque vulgarisée au fil des décennies et d'une mondialisation de la conscience humaine depuis les années 70-80, la notion de crime contre l'Humanité est toujours délicate à invoquer.

Parce qu'elle replace chaque nation, chaque population devant son passé, ses choix collectifs, ses erreurs d'antan, en clair devant un héritage qu'elle a parfois du mal à accepter.

Souvenons-nous de Jacques Chirac qui, à peine élu, avait franchi ce Rubicon, en juillet 1995. Il rompait alors avec l'intransigeante position de François Mitterrand qui refusait de voir en Vichy, la France. Ce jour de juillet 1995, Chirac aura forcé la main. A tous. Aux historiens, divisés, aux Français hésitants, aux survivants trop longtemps oubliés. il en va de l'histoire d'un peuple. Faire des choix. Mais à condition de les penser.

Depuis jeudi, on ne pense plus. Ou presque plus.

Emmanuel Macron a posé de belles choses. Mais il les a surtout pensées. Penser non pas seulement ce passé avec lequel la France n'est pas si fière. Gênée par un conflit qu'elle a elle-même mis 50 ans à qualifier de guerre, plutôt que "d'évènements". L'interview du candidat à une télévision algérienne est bien plus réfléchie et intéressante que ce simple "crime contre l'humanité". Macron différencie ainsi les populations, de là-bas, de chez nous, de tous camps, et les institutions qui en ont fait des pions qu'on place, tel sur un échiquier, au gré des vents, des politiques, des choix régaliens. Mieux, il tisse un avenir.

https://www.youtube.com/watch?v=TxwRtXFWFjc

Macron a compris qu'il ne peut y avoir de lien rasséréné sans un travail sur notre passé. Quoi de polémique là dedans ? La France elle même, avec Vichy, devrait le savoir plus que d'autres. Elle qui a mis près 50 ans à repenser son passé pour traiter 6 malheureuses années (39-45).

Et comme si Alger ne suffisait pas, on a brandi un autre étendard. Encore plus ridicule celui là. Parce que Macron a parlé d'humiliation.

Le mariage pour tous. Il restera sans doute comme l'un des points forts du bilan que l'on tirera du quinquennat de François Hollande. Et pourtant, depuis jeudi on en reparle, on ressort les visions à deux faces. Parce que Macron a évoqué "l'humiliation" qu'a alors subi une partie de notre communauté. Entendez pas là une frange, plutôt croyante (mais pas que), conservatrice. Tout le monde se souvient de cette "manif pour tous". Chose rare, une vraie mobilisation d'une certaine droite, que l'on avait pas vue depuis les manifs "pour l'école libre" des années 80.

Oui, le mariage pour tous adopté à la force et à l'énergie passionnée de Madame Taubira restera comme une avancée significative de notre société moderne. Mais on peut aussi repenser à ces longs mois de débats, de manifs, et admettre ce que l'oeil et l'oreille ne peuvent que confirmer: les fractures sociétales qui ont revu le jour jusqu'à l'adoption de ce texte. Contrairement d'ailleurs à ce que disent les détracteurs sur cette fausse polémique, les débats, vifs d'alors n'ont pas scindé la société entre une frange "moderne" et une "réactionnaire". A relire les débats d'alors, on y voit l'opposition des églises, et loin de la seule branche catholique dure. Les protestants, les juifs, et encore plus les musulmans n'y ont rien vu de bon. Sans parler d'une partie non négligeable de la communauté homosexuelle qui, par rejet de toute forme de contrat de famille, s'y est aussi opposé.

Le mariage pour tous aura été, tout simplement, un débat de société. Désormais tranché. Il n'interdit pas d'y reconnaitre une gestion politique et sociale quelque peu discutable. Car à trop pousser le débat, à faire trainer le temps politique on aura en effet vu, à cette occasion, des fractures non négligeables se structurer.

Elles se soigneront, ces blessures. Comme toutes.

Mais les ignorer ne rime à rien. C'est en fermant les yeux sur une réalité sociale qu'on prépare les "retours de la mémoire".

Et les blessures collectives de demain.

 

 

 

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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 09:06

Il fallait aller la visionner. Point d'autre choix. François Fillon avait donc fustigé des propos "hors contexte". Pas les siens. Ceux de son épouse. Pénélope Kathryn Clarke, galloise de son état.

 

 

 

 

 

France 2 n'a pas aimé. Pas du tout. Les journalistes détestent qu'on les attaque sur leur éthique. Certains sont parfois limites, tel Médiapart. Mais "Envoyé Spécial" ne badine pas avec la déontologie.

Alors en réaction, France 2 a sorti l'artillerie lourde. L'intégralité de cette vidéo datant de plus de dix ans. C'était au lendemain de la nomination du sarthois Fillon au poste prestigieux de Premier Ministre. Le début de l'ére Sarkozy. Buisson et Guaino étaient encore dans l'ombre de l'Histoire.

Une autre qui aime l'ombre, c'est Pénélope.

57 minutes, les yeux dans les yeux. Et quels yeux ! à vous envouter un aveugle. Pénélope c'est d'abord cela, un charme fou. Et une sincérité déboussolante. En à peine une heure, tout y passe. Et d'abord la paisible vie d'une mère de famille de la bonne bourgeoisie de province.

Dans les yeux de Pénélope, on voit tout défiler. Les arbres d'abord. Tilleuls, chênes ou saules pleureurs, le long d'une rive doucereuse et rassurante. La rivière Sarthe qui, avant de se jeter dans la Maine aux abords d'Angers, irrigue paisiblement les rives si calmes de Sablé sur Sarthe la bien nommée. Et Solesmes, là où elle habite "seule avec mes enfants".

Dans les yeux de Pénélope, ce sont des jets d'amour maternel vers ses cinq enfants dont elle assure, avec la satisfaction d'une maman attentive, qu'elle les a élevés "au vert", dans cette province du Maine si rassurante. L'un des berceaux oubliés de la Chouannerie, devenu au fil des décennies une terre de modération. A l'image de cette galloise follement amoureuse de sa quiétude. Et de celle de ses proches.

Loin de Cécilia Sarkozy dont elle ne semble pas comprendre le côté "parisien", plus proche sans doute d'une Yvonne De Gaulle, encore plus éloignée de l'activisme guévariste d'une Danielle Mitterrand, Pénélope Fillon est à sa famille ce qu'une bourgeoise peut faire de mieux: s'occuper des enfants, des fleurs et des chevaux.

Pénélope le dit elle même, elle s'ennuie un peu dans cette vie. Elle "suit le rythme" de son mari. Pas d'esclandre, encore moins d'initiative. Juste le soin d'apporter à ses proches l'amour et l'aile protectrice d'un ange humain.

En 57 minutes on voit passer les herbes frémissantes au gré d'un petit vent frais, les barques sur la Sarthe. Pénélope n'aime pas les dîners en ville. Elle n'aime pas même le cérémonial républicain, obligée qu'elle fut d'aller à Matignon parce que "Madame de Villepin tenait à y être". Et Pénélope presque dépitée devant ces obligations protocolaires de nous conter comment elle fut contrainte d'aller "se tenir droite sur le perron" de Matignon, forcée de se faire visiter les appartements réservés au Premier Ministre.

Dans les yeux de Pénélope rien d'artificiel. Elle sourit poliment devant les ors de la République. Mais n'y voit rien d'autre qu'un fardeau. Elle préfère ses chevaux, dont elle égrene les âges et ce qu'ils sont devenus. Elle n'évoque qu'un ennui profond. Ce même ennui qui l'amène à se promener "dans les magasins du quartier", forcée d'habiter Paris pour "vivre ensemble" avec ses enfants et son mari. Et elle le dit, elle regrette Sablé sur Sarthe où elle peut se promener "avec des habits fripés". Paisiblement.

En 57 minutes tout est dit. Chabrol en aurait fait un film. Haneke encore plus. Isabelle Huppert aurait joué sa Pénélope. Et Cannes aurait frissonné devant tant de plastique superficielle. Avec un brin d'émotion. La bourgeoisie émeut de sa lassitude éternelle. Intangible.

Et au milieu de ce beau monde bourgeois si propre, qui passe le temps comme on regarde les oiseaux migrateurs, les yeux dans le vague et l'esprit apaisé, courent les chevaux...de 900 000 euros.

http://www.francetvinfo.fr/politique/francois-fillon/penelope-fillon/video-l-interview-oubliee-de-penelope-fillon-la-publication-integrale_2055329.html

 

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Published by Manolito
5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 17:17

Dimanche 5 février. On s'était presque remis, par lassitude, de la défaite des Français sur le gazon de Twickenham, et l'on se disait que, tout de même, perspectives électorales obligent, il fallait faire un effort.

En fait d'un, ce furent deux. Deux meetings. Jean-Luc MELENCHON, le Grand Frondeur comme Condé le fut en son temps, et Marine Le Pen, héritière malgré elle, candidate du FN. Les présidentielles approchant, on s'est rangé à ce mot d'ordre: écouter !

Passons sur le FN, il n'y a rien de nouveau. N'en déplaise à David RACHLINE.

Non, le truc qui aurait pu nous faire frissonner quelque peu, au moins par goût de l'orateur, du tribun romain descendu dans l'arène pour fustiger la Plèbe de sa trop langoureuse paresse, c'était Mélenchon. Curieux phénomène recyclé tous les 5 ans, entre fidélité à Mitterrand, héritage catholique assumé et fougue révolutionnaire à faire rougir Castro.

On a tenu juste 20 minutes. Pas mal, me direz-vous ? Moyen pour un type qui hurle aux foules leur crasse ignorance et les appelle à l'insurrection, au moins civique.

Vingt minutes donc. A peine plus que lorsque je m'étais plongé dans mon premier livre de Charles Maurras, alors adolescent, et que j'avais renoncé, exaspéré par tant de haîne déversée par flots.

On peut être un tribun et raconter n'importe quoi. Mélenchon justement, qui vise Macron et sa bulle médiatique, et qui se plait à se draper dans une toge de professeur libérateur. Le mensonge et l'Histoire ça peut parfois marcher. Cela marche d'ailleurs, en tout cas cela fonctionne. On a vu les foules applaudir à ses propos. Soit, les foules cela applaudit facilement. Hitler et Mussolini auraient pu nous dire comment faire jouir 3000 crétins, juste pris de fièvre, en masse. Le totalitarisme a ceci de pratique qu'il a pour principe de jouer sur les foules. C'est con une foule.

 

 

Celle réunie à Lyon en ce dimanche après-midi elle n'en valait pas tellement mieux. Si l'on en juge par les délires des mains, claquant en rythme, des cris de joie lancés aux cieux. Devant pourtant deux mensonges historiques.

"La Russie a libéré l'Europe". 1945, la neige tombait sur Varsovie. De Russie on ne vit rien. Parce qu'elle n'existait plus ou presque; L'URSS règnait en maître et écrasait tout ce qui ressemblait à un soupçon de nationalisme. Russe ou autre. Soyons aimables et bons joueurs: retirons le terme "russe" et acceptons que dans la fièvre de ce meeting, il fallait y entendre "URSS".

Que Monsieur MELENCHON aime particulièrement Staline, cela le regarde. Mais oser déclarer que Moscou a libéré l'Europe, même face au totalitarisme nazi, cela est affligeant. Car en fait d'une libération, c'est toute l'Europe de l'Est, de Berlin à Yalta, de Tirana à la Baltique que l'on a enfermée, asservie, écrasée. Demandez donc aux Juifs, fraichement sortis des camps, aux résistants de tous bords, de tous peuples, ce qu'il est advenu ensuite... 50 ans de terreur, de régime policier où la déportation remplaçait les fosses communes. Les rares qui auront relevé la tête, en Hongrie, en Pologne auront bien vite vécu. Les chars d'alors ne s'arrêtaient pas aisément.

 

 

Et la foule a crié sa joie. A Lyon...pauvre de nous..Jan Palach a du pleurer de sous sa tombe. La France, fille des Lumières en laquelle il croyait a parfois des mots crus..

Alors comme un mensonge en amène un autre, le second n'a pas tardé. Mélenchon aime les foules. Et il les éduque bien...

On passait au volet social. Et là, quand même, je dois dire que si le café n'avait pas été plus brûlant, j'aurais presque étouffé sur place. De sidération.

"La France, fille aînée de la sécurité sociale". Même mes chats engourdis dans leur sieste ont levé les yeux, sidérés.

Que Mélenchon aime notre "sécu", la protection sociale, celle qui nous aide et qui symbolise un lien collectif indéniable, nous ne lui en voudrons pas. On peut partager même. Mais aller dire de notre bel hexagone qu'il est, aux yeux du monde, à la source de ce système de protection collective, ça non !

En France, on a jamais rien vu de protection sociale avant 1930. Un demi siècle déjà que les Allemands en avaient un. Trente ans que la jeune et frêle Belgique monarchiste en jouissait également. L'Autriche Hongrie avant 18 n'avait pas attendu Paris, ni les Lumières, ni même Lénine...

Jean-Luc M. n'aime certes pas beaucoup les Allemands. Et pourtant, en bon tribun, il maîtrise bien l'Histoire. Alors que dire, sinon la vérité: celle qui oblige à rappeler que ce n'est pas en France que naquit la sécurité sociale, encore moins l'assurance vieillesse. Pas même la protection contre les accidents du travail. Quant au droit de vote des femmes, n'en parlons pas....

Mais la foule a aimé. Elle a crié sa joie devant ce beau symbole. Ce beau mensonge. Cette belle histoire inventée d'on ne sait où. Les hologrammes sont creux. Les beaux mensonges autant.

Ainsi vont les campagnes électorales. On s'enivre de tout. De rien. Et l'on creuse son tombeau. Celui de l'ignorance, source de toutes les erreurs. Et de tant de drames.

 

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