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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 04:53

Ce devait être un pari fou. Les cieux semblaient s'y opposer même. Dimanche 5 mars, au lendemain de son 63ème anniversaire, François Fillon a pourtant réussi le coup de poker que peu le pensaient en mesure de réaliser.

70 000 personnes (source garantie, sur place et non officielle) au Trocadéro pour voir celui que Les Républicains ont voulu écarter de cette course à la présidentielle après l'avoir adoubé. Brutus lui même avait bien poignardé César. Les nuits des longs couteaux ne sont pas l'apanage du seul Troisième Reich.

Rarement on aura vu Fillon aussi seul, aussi combattif et finalement aussi bon. Dans sa logique.

On attendait une attaque sur les juges. Il a fait fusiller par la foule réunie, en un seul mot, en un seul souffle, populaire, les dirigeants de son propre parti.

Celui que ni Sarkozy, ni Juppé ni les autres ne prévoyaient, celui qui durant deux ans est allé par monts et par vaux, à la rencontre d'une certaine France, celle de droite, qu'on avait oubliée, ou voulu croire disparue. Mais tels les clochers de nos villages, cette France existe bien, elle perdure, même silencieuse.

C'est cette même France que Patrick BUISSON avait sans cesse défendue auprès de Nicolas SARKOZY. Ne jamais oublier d'où l'on vient. La France, dans cette vision, vient autant de Charles MARTEL que d'Austerlitz. Autant catholique que païenne. Les Celtes unis à la foi romaine. Et à tant d'autres.

Hier, 5 mars, François FILLON a tenu bon. Il a fait ce qu'il avait annoncé: se poser en candidat légitime, sur un piédestal des plus solides. Faisant fi de son propre parti, il s'est installé sur un socle. Celui composé des 4 millions d'électeurs des primaires de novembre.

Il en a appelé au Peuple, tel De Gaulle en 1958, 1962, 196...

Patrick BUISSON a du frissonner. Et repenser à toute la vindicte qu'il avait lui même subie.Injustement.

Je continue à lire, chaque jour, ce pavé buissonnien "La Cause du Peuple" dans un formidable contexte. Chose rarement vécue par un lecteur; s'endormir chaque soir sur des analyses, et les voir vivantes au petit matin, sur l'écran de la télévision.

Reste que si François FILLON a brillamment réussi son pari, devenant indéboulonnable en candidat populaire de la droite, la stratégie buissonnienne est celle là même qui a fait chuter Nicolas SARKOZY en 2012.

Cet appel à une France des racines et des clochers contre l'establishment est respectable. Il est surtout rédhibitoire car il renvoie au rang de subalternes les partis. De Gaulle l'a certes déjà fait. Et d'autres après lui.

Mais pour gagner, François FILLON doit aussi penser au corps électoral qui se déplacera à l'élection présidentielle. Il pèse 40 millions, soit dix fois plus que les 4 millions des primaires.

Encore un pari délicat. Pour celui qui a longtemps fait figure d'homme de droite, certes, mais à la sensibilité sociale forte.

On ne gagne pas une présidentielle en se refermant sur son camp. Il faut aller conquérir les âmes et les coeurs bien au delà de ses seuls partisans.

Le Trocadéro hier a sans doute marqué un tournant. Mais l'horizon est encore loin. Bien au-delà des seuls clochers...

 

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