Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 06:14

En ces temps agités où les fractures semblent prégnantes entre le peuple et l'Etat, la lecture de Patrick Buisson résonne tout particulièrement. Pourtant hier soir, en lisant "La Cause du Peuple" j'ai vite décroché. On en reparlera ici. Ce livre est des plus exigeants.

Hier soir je me suis endormi sur les rives du Tage. Aux heures florissantes du Portugal tout puissant on y chassait les Juifs. La nuit aidant, j'ai entendu les sabots des Dragons du Roi Soleil martelant les routes de la France de l'Ancien Régime. Il y a des jours où l'on se féliciterait presque des répressions, juive au Portugal, protestante en France.

Les marranes tout autant que les réformés d'alors nous ont nourri tant de belles pages politiques depuis.

 

Quand au soir de 1955 le Gouvernement Mendès-France tomba sur l'affaire algérienne, la IVème République venait de se tirer une balle en pleine tête. En plein hémicycle du Palais Bourbon. Les grands suicides collectifs ne valent souvent que par leur lieu emblématique. PMF avait envoyé promener les partis. Morts selon lui, responsables de ne pas apporter une espérance au pays. Et aux Français.

Mendès France tombé, il n'y avait plus rien à sauver. Ce Gouvernement était le dernier à pouvoir relever les défis. Il avait pourtant pleinement réussi jusqu'alors. Evitant à la France deux guerres de décolonisation, en Indochine et en Tunisie. La troisième enterra un régime entier. Alger passerait par les paras et De Gaulle mais aussi et presque surtout par Guy Mollet. Et tant de morts, des deux côtés...

Quand en 1988, fraichement (et brillamment) réélu, François Mitterrand nomma Michel Rocard Premier Ministre, il crut alors l'enterrer. Comme il avait enterré Mendès-France trente ans plus tôt. Le vieux marrane n'était plus. Sans témoin à vous conspuer, l'assassinat est plus aisé. Mais d'assassinat il n'y eut point. Durant 3 années, Michel Rocard mena la France de la façon la plus brillante que l'on pouvait espérer. A la tête d'un gouvernement centriste. Faisant fi des partis.

Mercredi soir, on a vu Bayrou et Macron réunis. Et là j'ai repensé à Mendès et à Rocard.

A entendre certains, cela sentirait l'aventure des plus illusoires. On a dit de même pour Mendès-France. On l'a répété pour Rocard. Ces deux gouvernement furent les derniers à pouvoir insuffler une dynamique. Et obtenir des succès. Avant l'effondrement. D'un régime pour l'un, d'une présidence pour le second. En les refusant, les Français d'alors ont tué deux fois le pays.

L'Histoire ne se répète pas. Mais les institutions, elles, connaissent toujours les mêmes fins.

Il y a peut-être dans cette proposition Macron-Bayrou une chance. La dernière. Comme celle que Pierre Mendès-France en 1955 et Michel Rocard en 1991 défendaient.

Prenons garde à ne pas oublier l'Histoire passée. En cela, au moins, Patrick Buisson a raison.

Encore faut-il que cette connaissance du passé soit diffuse aux consciences collectives. Rien n'est moins sûr...la France a souvent préféré le suicide et le renoncement à ses propres valeurs. Prenons garde, les loups sont aux portes du palais...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by Manolito