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12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 07:56

De ce quinquennat macronien, parfois stupéfiant d'audace, le plus souvent factice de prétentieuses idées - quand elle ne furent pas pur dédain pour le citoyen - il faudra un jour tirer un bilan. Trop tôt pour l'heure.

Il y a un temps pour tout. Il convient de ne jamais brusquer l'Histoire. Elle a son rythme propre. Ses exigences.

De l'autre côté de la Seine, le Palais Bourbon lui aussi voit un cycle s'achever. Calendrier électoral oblige, les 577 députés voient expirer leur mandat. 

De cette Chambre, on aura tout dit ou presque en 5 ans. Il faut dire qu'elle n'a pas chômé, tant la crise sanitaire lui aura apporté projets de loi d'urgence, commissions mixtes paritaires et débats enfiévrés. 

Jusqu'au pass vaccinal, peut-être l'erreur finale de ce premier quinquennat.

De ces 5 ans à suivre le Parlement, le Sénat aura bien joué son rôle et nous aura délecté d'une commission d'enquête sur l'affaire Benalla menée d'une main de maître par Philippe BAS.

Mais au beau milieu du gué, lorsqu'il fallut franchir les longs mois de crise sanitaire, c'est bien à l'Assemblée Nationale que l'on vit apparaitre deux étoiles.  De deux galaxies opposées. 

Béziers nous avait envoyé Emmanuelle. 

Amiens nous avait offert François.

Emmanuelle MENARD et François RUFFIN n'ont rien en commun.

La première milite pour une union des droites décomplexée, pour une France plus judéo-chrétienne que la vieille ville de Jérusalem sous Beaudoin IV. Le second pourfend les exploiteurs, la haute bourgeoisie faite de finance et de mépris pour le bas peuple. 

Emmanuelle et François ne doivent pas se croiser souvent et ne gouverneront jamais ensemble. Pis, ils se font face au Parlement. Hémicycle marqué par l'Histoire d'un jour de Révolution où deux camps ont pris place et n'en bougent plus depuis. Chacun à l'opposé de l'autre. Deux extrêmes diront certains. 

Deux talents.

La droite de la droite n'en offre pas souvent. Ou alors quelques intellectuels que l'on savoure au soir tombant, dans des livres aussi passionnés que brûlants. 

Loin du tohu-bohu classique d'une opposition extrême vociférante et parfois hargneuse qui ne donne guère envie, Emmanuelle aura redonné de nobles couleurs au mandat de Député(e). Que l'on aille à la Messe ou pas, un sermon bien fait s'écoute, s'analyse, se discute. La députée de Béziers aura brillé par sa clairvoyance sur tant de sujets, sans jamais tomber dans la facilité d'une prise de parole qui cherche le petit mot. 

Elle aura passé des nuits entières sans rien lâcher. Non pour cogner. Mais pour poser. Poser des questions. Poser les questions qui méritaient qu'on s'y attarde un peu. Rarement l'on aura entendu un parlementaire aussi exigeant dans ses analyses et ses interrogations lancées au Gouvernement, non pour qu'il y réponde. Pour qu'il y réfléchisse. Souvent en vain. La facilité est le réflexe des paresseux.

A l'autre bout de l'hémicycle, le bruit et la fureur mélenchoniste auront eux aussi laissé place au brio. 

François RUFFIN était attendu. Connu avant que d'être élu, le député de la Somme se devait d'être à une hauteur espérée. 

La France Insoumise aura bien eu besoin de François. Après les esclandres, parfois violentes de ses chefs, devant caméras et contre magistrat, LFI semblait être devenue une bande de brigands et de ripailleurs. Sans classe ni éthique. Le vide après le rouge.

François RUFFIN aura sauvé son camp. Contre vents et marées.

Sans doute mis sur le banc de touche à plusieurs reprises au cours de la mandature, la crise COVID l'aura ramené en première ligne. RUFFIN aura chargé. Sans drapeau ni armée. Sinon celle de tous les jours. Des caissières de supermarché, des ouvriers d'usine et des "gens qui ne sont rien" mais qui vivent dignement tant l'argent ne fait pas l'honneur.

François RUFFIN aura détonné dans son camp. Un camp qui, comme l'ultra droite, ne sait que trop souvent s'exprimer par la hargne et l'invective. Sans autre effet que les cris et les slogans. Sans se poser. Sans analyse. Sans avenir.

RUFFIN aura presque détrôné le leader MELENCHON. Mais sans jamais tomber dans ses écarts, nombreux. Le député de la Somme aura su raviver sur les bancs de l'Assemblée Nationale le peu de conscience sociale qui devait encore subsister dans les cerveaux des députés marcheurs. On aura même cru à certains instants que chez eux, certains se lèveraient et applaudiraient. Juste parce que RUFFIN aura parlé des gens, des vrais gens, des sans grade et des oubliés.

De cette mandature législative il sera toujours temps de dresser un bilan. Il sera ce qu'il sera. Quand l'Histoire aura dit son Jugement.

Et s'il n'en restait rien, il en restera au moins ces deux là. 

Et c'est déjà beaucoup.

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