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22 février 2015 7 22 /02 /février /2015 10:34

maurras 

 

L'anti parlementarisme, et son cortège d'âmes sombres, ses relents nauséabonds, les Années Trente. Un sujet sérieux, trop sérieux pour que l'on en vienne à s'y plonger sans prendre garde. L'anti parlementarisme fut une vraie famille, un courant profond, bâti sur des socles aussi disparates que celui défendu par ses leaders aussi divers que l'est la France.  

Tantôt monarchiste (de droite), tantôt anarchiste (de droite et de gauche). Mais jamais anodin.

L'anti parlementarisme est une vague incessante, se brisant contre les digues de l'Etat. Ce courant ne mourra pas, soyons en sûrs. Les "Godillots" et les "Tous pourris" seront toujours dans les discours, sur les lèvres de certains. Ils le furent au temps du "Canal de Panama", de l'Affaire Dreyfus, un 6 février 34, sous Poujade, à Alger, et...

Mardi dernier à 16h00, quand le sms est tombé m'annonçant que le 49-3 était dégainé par le Premier Ministre, j'ai laché un "ah quand même, enfin !". J'étais presque content, soulagé. Qu'on la passe cette loi Macron, et qu'on arrête de discuter. Cette loi ne changera d'ailleurs pas tant de choses que cela. Mais elle a un mérite, celui de lancer l'offensive. Au moins une, celle des réformes.

Mardi dernier, j'étais heureux. Pas longtemps en fait. Juste quelques minutes, quelques petites minutes. Mardi dernier, sur les coups de 16 heures, j'ai pensé à une maturité, celle d'une classe politique qui allait montrer une attitude constructive, sans clan, sans idées préconçues, juste une envie d'aller de l'avant, "sans idéologie, discours ou baratin" comme le chantait Coluche.

Le 49-3 sorti, on avait 2 jours devant nous. Deux jours à penser.

On attendait Iena, ce fut en fait "Un Balcon en forêt" (Julien Gracq, éditions José Corti, 1958).

Pas de réflexion, juste un réflexe. Un réflexe, celui du partisan le plus crétin qui soit. L'UMP s'en est allé déposer une motion de censure. C'était son droit. Constitutionnel. Mais un droit reste un droit, une possibilité offerte par les textes. Pas toujours une raison, celle que l'esprit aurait convaincue, au détriment de l'instinct.

En déposant cette motion de censure, l'UMP et tous ceux qui l'ont votée par réflexe, ont servi à la Nation ce qu'elle craignait le plus: la vision d'un Parlement clanique, inconscient de ses devoirs, des enjeux, de l'intérêt général. Pour une fois, les protestataires de "gauche" auront eu grâce à mes yeux. Eux, au moins, ils la contestaient cette loi Macron, ils la combattaient pour une vision de société, pour des idées. Je ne partage pas leurs critiques, je les combats aussi, mais il vaut mieux avoir un combattant devant soi, qu'un lâche.

Mardi dernier, en quelques minutes, Charles MAURRAS est revenu hanter les esprits. L'anti parlementarisme, cette famille d'idées qui voulait tuer Blum, les Juifs, les Francs Maçons, les Républicains, au nom d'une nostalgie d'une pureté française idéalisée, a repris forme.

Mardi dernier, et durant ces deux jours, on a entendu de nouveau ce "Pays réel" de Maurras, de l'Action Française, celui qui vomissait la Troisième République, et qui transforma un régime démocratique en une Révolution Nationale au printemps 40...

En déposant cette motion de censure, l'UMP a redonné vie à tout cela. Et à tous ces cauchemars...

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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 07:12

Voilà. C'est fait. Des morts en pagaille. Une religion utilisée pour justifier l'injustifiable. Un pays qui semble ouvrir les yeux sur un journal qu'il ne lisait pas tant que ça. Et bientôt, soyons en certains, des récupérations de tous bords. Des chasses aux sorcières. Et sans nul doute, les agitateurs du "grand complot".

Après ces 3 jours de folie, où même les plus posés, ceux qui essayent chaque jour de ne pas tomber dans le sentimental, l'irrationnel ont semblé vacillé, nous tous qui nous méfions de tout, et surtout des médias, des projecteurs aisément braqués, des analyses à l'emporte pièce, il nous faut bien nous poser.

Nous poser pour respirer. Souffler quelques instants. Revenir à une analyse critique de la situation. Nous débarasser de certaines images pour avancer.

Et regarder là où tout a foiré.

Une marée humaine, il y en aura une, dimanche. Tant mieux. Et après ?

Au Mans, mercredi soir, on s'en est pris à la mosquée. Non les musulmans ne sont pas responsables. Pas plus qu'un juif ne l'est du sort d'un gosse de Palestine, ou un catholique de celui d'un indien décimé par les Conquistadors. Mais voilà, il y a quand même un truc qui me chiffonne.

Sur le site du Conseil Français du Culte Musulman, Dalil BOUBAKEUR  a communiqué. Pour dire qu'il condamnait ces actes. Personne n'aurait osé en douter. Le CFCM appelle les Musulmans à prier pour la paix, à agir avec nous pour défendre la liberté de la presse.

Que les musulmans en France soient avec nous contre cette barbarie, là encore, personne ou presque n'en doute.

Mais que le CFCM s'érige en défenseur de la liberté de la presse....vulgairement ça me troue le cul !

On a raillé, il y a quelques années, Georgina DUFOIX. "Responsable mais pas coupable" avait-elle affirmé, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. C'était sur le dossier du "sang contaminé", dans les folles années du SIDA. Pourtant, là où les preuves, le droit ne peuvent rien, il existe un terrain, celui où trône la morale, l'éthique, la conscience de chacun. Sur ce sol d'entre deux, inaccessible aux juges comme aux autres, chacune et chacun peut se sentir responsable. Responsable de n'avoir pas agi ou au contraire d'avoir trop favorisé un geste, une parole, un acte.

Dans son communiqué, le CFCM écrit: "L’ensemble des organisations musulmanes de France [réaffirment]leur désir de vivre ensemble en paix dans le respect des valeurs de la République". Dont acte.

Mercredi 7 janvier, vers 11h30, on a assassiné des journalistes. Parce qu'ils avaient "blasphémé" un dieu. Par des dessins, des écrits. Parce qu'une bande d'illuminés n'a rien trouvé de mieux à dire, que par la violence meurtrière de quelques armes de guerre.

Cher CFCM, toi qui t'insurges aujourd'hui contre ce meurtre et tous ceux qui s'en sont suivis, que n'as tu fait ?

En 2006-2007, Charlie Hebdo était au tribunal. Devant les juges de la République, statuant au nom du Peuple Français, toutes confessions confondues. Il y a 9 ans, on a trainé Charlie Hebdo devant des juges, pour avoir publié des caricatures de Mahomet. Qui donc l'a fait ? Qui a poursuivi des journalistes devant les tribunaux ? Qui a tenté de faire taire la liberté de la presse dans ce pays pour des opinions divergentes ?

Mais toi, cher CFCM !

En agissant ainsi, le Conseil Français des Cultes Musulmans a armé ceux là mêmes qui, mercredi dernier, ont assassiné des journalistes. Parce qu'en agissant contre la liberté de la presse, le CFCM a légitimé auprès de quelques abrutis les représentations les plus anti républicaines, les plus anti laïques possibles.

Ce jour là, les juges ont réaffirmé le droit, celui de la presse. Ce jour là, les juges, au nom du Peuple, ont renvoyé les religieux à leur théologie, en les priant de la garder au chaud, et non sur la place publique.

Ce jour là, malheureusement, le discours des Juges n'aura pas permis de vaincre les propos tenus par les avocats du CFCM.

Ce jour là, cher CFCM, tu auras préparé, inconsciemment (espérons le), les meurtres des 7,8 et 9 janvier 2015.

Le 7 février 2007, le bureau exécutif du CFCM justifiait sa plainte contre Charlie Hebdo en écrivant qu'elle "vise deux caricatures injuriant les musulmans".

C'est exactement, ce qu'ont pensé ceux qui ont assassiné mercredi dernier, 7 janvier 2015.

Pas coupable, le CFCM.

Mais responsable...sans nul doute !

 

 

 

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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 19:21

DEMUSSET

 

 

A l'Assemblée Nationale, ce mardi, on a demandé une minute de silence. "On", non, plutôt Cécile DUFLOT, et le groupe des "Ecolos". Une minute de silence pour Rémi FRAISSE, ce jeune mort à SIVENS. Bartolone en son Palais n'a pas scillé, est demeuré au rang de la raison. "Non Madame". On peut avoir été Ministre et se faire renvoyer à son sens du déraisonnable.

Cécile Duflot a bien été Ministre. Elle a surtout été déraisonnable, pathétique, insultante.

Oui, Rémi FRAISSE mérite de reposer en paix; pas pour ce qu'il pensait, ce qu'il a fait ou ce à quoi il aspirait. Le droit tout simplement de trouver un repos éternel trop jeune atteint.

Souvent, les bourreaux deviennent des anges. Les années avaient blanchi les cheveux de Barbie, cerné les yeux de Papon, rares sont les assassins sur le front desquels le Temps, voire l'expérience ne marque pas.

Cécile DUFLOT, elle, demeure telle qu'elle. Elle a pleuré, oui. Sanglotté, tout au moins, pour demander cette minute de silence, qu'elle n'a pas obtenue.

Dans cet hémycicle de la représentation du Peuple, ceux qui ont amené au bucher un jeune étudiant ont voulu se drapper de la toge romaine de l'Imperator qui, d'un geste, redonne vie et liberté au gladiateur.  Le cirque, Cécile D le connait bien, elle qui semble passée maitre dans cette frénésie d'agitatrice hors normes. Le cirque fait souvent rire, sourire. Il peut aussi faire pleurer, par son pathétique.

Ce mardi, Cécile D a pleuré. Nous aussi, on a failli. Pas pour elle, mais pour ce qu'elle a dit, pour ce qu'elle a fait. Jouer la Pureté de l'Innoncence, se dresser telle Héra protectrice du foyer. Quand Cécile D oublie bien vite que ses amis, ceux là mêmes qu'elle représente, ont tué par leurs actes, leurs alliances et leur yeux fermés, un jeune étudiant.

Rémi Fraisse est sans doute mort d'une grenade explosive, sans doute tirée par un membre des forces de l'ordre. Mais cet "ordre", Madame DUFLOT, ce n'est ni plus ni moins que celui de l'Etat, l'Etat de droit, de ses forces armées prises sous le feu des cocktails molotovs, des agressions armées de quelques groupuscules extrémistes qui ont pris le parti de l'action radicale.

Si Rémi Fraisse est mort, c'est un peu à cause d'une grenade explosive; c'est aussi, et peut-être plus, parce qu'une certaine mouvance de la gauche d'aujourd"hui préfère s'allier, utiliser, des extrémistes de tous bords, anarchistes ou autres.

Les mêmes qui dénoncent les extrêmes droites, et qui s'allient sans scrupule aux extrêmes gauches.

Comme si l'Histoire n'avait pas suffisamment prouvé, tout au long du XXème siècle, que les extrêmes se valent.

Ce mardi, Cécile D a donné à sa carrière, à son mandat, à sa famille politique, la plus pathétique et insultante vision de l'action politique, celle qu'on exècre parce qu'elle manipule les sentiments, les esprits et les masses. Une oeuvre des plus anti démocratiques.

Mentir sur soi, pourquoi pas. Mentir au nom des autres, ça non !

Il y a quelques jours, j'ai vu Jean-Marie Le Pen, cet homme honni par tant d'autres, et qu'on aurait quelque scrupules à prendre en exemple, tant le fond des idées demeure trouble et nauséabond parfois.

Il y a quelques jours, j'ai entendu Le Pen, réciter du Musset. C'était dans le sublime documentaire de Serge MOATI "Adieu Le Pen". J'ai entendu ces vers, découvert à vrai dire la beauté du poète.

Ce mardi, en voyant Cécile D, j'ai eu envie de dire, moi aussi, "Adieu Duflot". Puis j'ai repensé à Musset, et à ces quelques lignes si cruelles:

 

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.

"Tristesse", Alfred De Musset


 

Ce mardi, Cécile D a pleuré. Nous aussi. Elle ce fut sur un mort, poussé par les siens, là où il repose désormais.

Nous aussi, nous pleurerons un jour, sur cette République qui crève d'être piétinée par autant d'indécence et de cynisme.

Adieu Tristesse...Adieu Cécile...

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 17:35

 

 DAX1MANZANRES2 

 

Le fils s'est envolé pour le Mexique, saison oblige. Là-bas, les toros sont de retour, pendant que leurs frères ibériques, lusitaniens ou camarguais se préparent à l'hiver, à la saison morne.

Le père a expiré. Dans son sommeil. Il est resté en Espagne, a vu le descendant prodigue une dernière fois, puis a fermé les yeux. Pour ne plus les rouvrir.

Jose Maria "Manzanares" I s'en est allé. A 61 ans.

Manzanares n'a pas été "mon" torero", comme chaque aficionado des arènes en a un. Il en faut toujours 1, 1 référence, 1 modèle, 1 qu'on ira voir même sous l'orage d'août, la pluie de printemps, ou par 40 degrés à l'ombre, en plein soleil, croulant sous la chaleur ou la sueur (arrivé le 3ème toro on ne sait plus).

A ma naissance, il avait déjà tout foulé, tout fait plier, même Madrid qui se refusa à lui fort longtemps.

A mon adolescence, quand j'ai commencé à comprendre le toro, il approchait de la retraite, sans se l'avouer, ni le désirer. Ma "figura" ce fut ce petit indien descendu des montagnes, qui avait franchi l'Atlantique, et qui était venu renverser Marie Madeleine au Plumaçon. Ma figura, ce fut César Rincon. Lui est toujours là, bien que retiré.

Manzanares Père je ne l'ai vu qu'une fois. Une seule fois. Une si longue fois...un si long soir...

Les corridas sont comme les matins d'été, on se lève happé par le soleil, attiré par la chaleur, on sort et on ne sait jamais sur quoi on va tomber, au pied du lit ou sur le perron de la maison.

Ce fut le 7 septembre 1996, à Dax. Les plus belles arènes du Sud-Ouest pour une corrida qu'aujourd'hui encore je revis dès que j'y repense. La date est presque incroyable, un 7 septembre ! Hasard ou non, j'étais encore là-bas, dans le Sud-Ouest, un 7/9/96 !

Du flair, mon grand-père en avait parfois. De la méfiance, souvent. De l'audace aussi; et c'est comme cela, comme sans prévenir, qu'on s'est retrouvé tout là-bas, après les pins, sur le bord de l'Adour, un 7 septembre.

Presque vingt ans déjà...

Ce soir là, ce n'était pas une corrida classique (3 toreros 6 toros); pas un mano a mano (corrida opposant 2 toreros et 6 toros). Ce fut l'odyssée d'Homère pour 6 Ulysses, la Société des Nations Taurines en la plaza aeabo-andalouse. Des toreros de partout où le monde en fait: 1 pour chaque pays, de France, du Pérou, du Mexique. Et des autres ! Seul Victor Mendes, ce jour là, venu représenter le Portugal, a refusé. A la dernière minute ! Il parait qu'il s'est engueulé avec Manzanarès juste avant le paséo.

Ce soir là, j'ai vu Pepe Manrique, Umberto Flores le mexicain, l'extraordinairissime Monrenito de Maracay le "noir des ruedos", sublime représentant de l'art tauromachique venu tout droit de son Vénézuela natif.

Ce soir là, j'ai vu Manzanares Père, sa suavité, son temple, sa douceur, sa façon de regarder les cornes, les yeux du toro, et ses pas de danse sur le sable dacquois. Ce soir là, j'ai vu un grand maestro, comme rares le sont les toreros. Je ne l'ai vu toréer qu'une seule fois, ce 7 septembre. La nuit nous a happé, nous tous, dans ces arènes bondées, où nous scandions des mains, où cette corrida mondiale rarissime avait été montée.

Manzanarès je ne l'ai vu qu'une fois. Une fois pour toutes. Et j'en vibre encore. 18 ans plus tard.

Long repos mérité, torero !

 

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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 08:28

bloch2 

Il en restait à lire, quelques ouvrages. Des livres "références" que les études, bien que supérieures, avaient ignoré. Ou pour le moins laissé de côté. Pas par manque d'intérêt, juste parce qu'on ne peut tout lire. Et on avait tant lu déjà !

Alors on en vient à chercher ces délaissés des études. Parmi ceux là, "l'Etrange défaite" de Marc BLOCH.

L'étrange défaite, c'est bien celle de 40. Maginot est tombée sans combattre. La Belgique a ouvert grandes les portes des Flandres. Paris n'a même pas repris son souffle, déclarée "ville ouverte". Comme tant d'autres. La Loire s'est transformée en point de mire des aviateurs du Reich. Bordeaux la bourgeoise a vu les dernières heures d'un gouvernement presque fantoche, tellement pathétique.

On attendait Grouchy, et ce fut Blücher...Waterloo morne plaine, la dernière défaillance de Napoléon. Voilà, c'est un peu à ça que j'ai pensé en lisant la première partie de ce livre classé dans les "remarquables"...c'est un peu dur comme sentiment, sans doute. Mais s'enfiler une cinquantaine de pages de dires et de redites sur l'incompétence du commandement militaire français, mes grands-parents me l'avaient suffisamment raconté. Les histoires de famille, le soir, après un bon repas, vibrent parfois plus que quelques lignes, même d'un universitaire.

La divine surprise, pourtant, il y en a une dans cette "Etrange défaite". En seconde partie.

Marc BLOCH l'intitule "examen de conscience". Là, on oublie vite Waterloo, même Eylau et ses chevaux fumant sous la neige. C'est Arcole, Iena, et tous les Maréchaux des Boulevards qui semblent se réveiller. Les mots fusent, les critiquent s'abattent, les reproches sur la société française, cette société qui a amené 40, Vichy, Pétain, et les Allemands dans les soutes. L'examen de conscience c'est le catalogue de ce que Marc BLOCH voit comme sources, multiples, de causes à cet effondrement de 40. Effondrement intellectuel, politique, social, et disons le, moral.

Mais très vite c'est une interrogation qui se fait jour. Celle d'un malaise. On lit, on lit, et on aurait presque envie de vérifier, entre chaque paragraphe, le nom de l'auteur. L'Examen de conscience c'est toujours délicat comme tâche. Sauf que là, pour peu qu'on ait lu auparavant les auteurs d'extrême droite, qu'on maitrise un brin "l'idéologie française", l'histoire des idées dans ce pays français, cette "Etrange défaite, seconde partie" vous explose en pleine figure.

Marc BLOCH, l'universitaire de tradition familiale juive, patriote au plus profond de ses chairs, presque nationaliste version Révoluton Française, va loin. Très loin. Si loin qu'on en arrive à devoir resortir d'autres ouvrages. Maurras, les discours de Pétain, les élucubrations des Doriot, Déat et autres.

C'est que cet "Examen de conscience" écrit par cet universitaire "de référence", classé à gauche, ressemble à un réquisitoire cinglant, si cinglant qu'il en devient un acte d'accusation. Pas contre Vichy (écrit en 40, le régime du Maréchal n'a pas encore vraiment donné sa véritable nature), pas contre Laval. Non. Cet "Examen de conscience" de Marc BLOCH c'est un flingage en règle, à la sauce western, un chaud après-midi, sous le vent brûlant du Nouveau Mexique, contre les années 30.

Passent à la moulinette, ou plutôt sous les balles, tout ce que la gauche semblait défendre à l'époque. Le Front Populaire, les Brigades Internationales, les Communistes, les droits ouvriers.

Marc BLOCH, cet universitaire classé à gauche, que tant vénèrent aujourd'hui, n'y va pas par quatre chemins, cherchant jusque dans les législations sociales des amis de Léon Blum, certaines causes dans la molesse des classes ouvrières, qui rechignent à travailler, et donc à produire. In fine à fournir à l'armée française ce qui lui a tant manqué en 40, des armes, des chars, des munitions. Et beaucoup de conscience nationale.

Cet "examen de conscience" flingue les syndicats, accusés d'avoir transformé le travailleur en petit bourgeois plus préoccupé par son logis que par son labeur, et la bourgeoisie française, accusée d'avoir délaissé ce qu'il dépeint comme son rôle de classe guidante des élites, intellectuelles, financières et industrielles.

Quand on a lu "l'Etrange défaite", on en vient à sourire à plus d'un titre. Charles MAURRAS aurait pu signer bon nombre d'extraits de ce livre, d'un universitaire juif de gauche. Et l'on en vient à se demander si la gauche d'aujourd'hui, qui vénère Marc BLOCH a bel et bien lu avec attention son oeuvre.

Le style n'est pas subjugant. Mais le contenu est destabilisant. Encore faut-il le lire.

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 16:06

Eh voilà, c'est fini. Finis les ballons ronds qui roulent sur l'herbe amazonienne. Adieu les supporters, beuglant, buvant, harrangant. La foule des stades c'est toujours impressionnant, ça vous perce les tympans sans qu'on n'y comprenne rien, mais on l'entend, on l'observe, c'est massif, volumineux.

 

Hier soir 13 juillet, tard dans la nuit européenne, tout juste en début de soirée pour les sud américains, la finale de la coupe du monde de foot s'est dont arrêtée. Sur un coup de sifflet. L'arbitre a dit stop, "on rentre aux vestiaires". Et l'Allemagne a gagné. Tout. Le prestige, la coupe, l'argent, l'amour de ses citoyens. Elle est championne du monde 2014. Comme quoi, Laval avait vu juste. On lui a tellement reproché cette petite phrase "je crois en la victoire de l'Allemagne" il avait juste omis de préciser qu'il ne s'agissait pas d'un pari sur la coupe 2014. C'est ballot...

 

Remarquez, y en a un autre qu'on aurait bien vu, hier 13 juillet, dans les tribunes du stade à Rio. Un qui serait venu avec l'équipe d'Argentine, au frais, dans un car climatisé. Il n'a pas pu venir, évidemment, on l'a pendu en Israël. Adolf EICHMANN, pourtant, il l'aurait méritée sa place, hier au stade de Rio ! Pensez donc, planqué en Argentine pendant 10 ans, exfiltré par un moine, puis par la Croix Rouge. Au repos pendant 10 ans, le temps que le Mossad lui tombe dessus. Un supporter comme ça, pour aider l'équipe de foot de sa terre d'asile, c'est la grande classe ! Et la puissance des stades ils maitrisaient bien les nazis !

 

Finalement on a vu un beau match. Même moi, qui ne suis pas football pour trois sous, j'avoue que j'ai vibré.

 

Le seul regret c'est la FIFA. Eux, ils ne veulent pas de vague, pas d'embrouille, pas d'idée provocante qui aille travailler le cerveau de quelques déséquilibrés en manque de drogue. Alors pendant une minute ou deux, on n'a rien vu du stade, du terrain; pas de ballon, pas de joueur, même pas de spectateur. Juste un plan pris au milieu des étoiles, là haut, où on voyait le Christ Rédempteur dominer Rio, son stade et son public. La rédemption, les Allemands connaissent bien. Angela Merkel a du y penser, pas loin qu'elle devait être assise de l'ambassadeur d'Argentine. L'Allemagne et l'Argentine, décidément, sont souvent liées.

 

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 09:51

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S'il restera quelque chose d'incontestablement positif de la présidence de Nicolas SARKOZY, ce sera sans nul doute la création du "Contrôleur Général des Prisons". En réalité, bien au delà des seules prisons de toutes sortes (centres de détention, maisons d'arrêt, centrales..), le Contrôleur Général des lieux de privation de liberté instauré par une loi de 2007 aura marqué une étape significative. Celle qui marque dans le marbre qu'une démocratie ne se vit pas sans des garanties fondamentales, constitutionnelles, inviolables, avec au premier rang, celle de la liberté de chacun de se mouvoir.

Circuler, à pieds, en voiture, à cheval. L'Etat c'est le droit, en France tout du moins. Et sur son sol, quiconque doit pouvoir jouir de cette liberté de circuler. Derrière les barreaux, d'une prison, d'un hôpital psy, d'une cellule de garde à vue, ce droit disparait. Pour la nécessité d'une société qui se doit de prendre des mesures d'enfermement, parfois, au nom de l'intérêt général.

En créant en 2007 cette fonction, Nicolas SARKOZY donnait, presque paradoxalement, une marque en contre point avec ses discours sécuritaires. Car en instaurant ce Contrôleur Général, l'Etat plaçait alors, au dessus des administrations coercitives (Justice, Intérieur, Santé), au dessus même des juges, des Préfets et des médecins, une Autorité libre de tous.

Vigiles inlassables, le Contrôleur Général DELARUE et ses troupes n'ont eu de cesse de sillonner le territoire, d'aller voir, là où personne ou peu d'entre nous ont accès. Dans les sous-sols des commissariats, derrière les hauts murs barbelés des prisons, au coeur des unité pour malades difficiles (UMD), là où l'on enferme les foux dangereux.

L'institution reste humaine. A l'image de celui qui l'incarne. Et c'est là, dans ce rappel des aspects les plus personnels, presque intimes de l'individu, loin des masses silencieuses, que le Contrôleur Général DELARUE s'est révélé. Lui, ce Conseiller d'Etat, issu d'un corps souvent mutique, digne et légaliste, mais habitué aux pas feûtrés, loin des tumultes des politiques, des forts en gueule, des médiatiques harrangeurs.

Avec le départ de Jean-Marie DELARUE, ce n'est pas seulement un haut fonctionnaire qui quitte des fonctions, aussi remarquables soient-elles. Ce départ, c'est celui d'un homme qui aura compris l'enjeu de sa fonction, et plus encore, la nécessité d'en faire une institution au contact de la société qu'elle doit observer.

Philippe SEGUIN avait donné à la Cour des Comptes une nouvelle lumière en médiatisant les rapports, les recommandations, les analyses. Quitte à piquer au vif ceux là mêmes qui se croyaient intouchables, au prétexte qu'ils avaient connu cet homme dans d'autres décors. Plus chaleureux mais moins essentiels.

Jean-Marie DELARUE quitte une fonction qu'il aura hissée en pleine lumière, usant des nouvelles technologies comme rarement le font les "autorités indépendantes", osant défier les administrations prises en flagrant délit d'outre passer leurs droits.

Dans ce départ de Jean-Marie DELARUE, départ forcé pour cause de statuts (mandat de 6 ans non renouvelable), il n'y aura eu qu'un accroc. L'annonce de son successeur....Adeline HAZAN. Maire PS battue de Reims. Ce n'est pas que cette femme politique n'en soit pas digne, cela, seul l'avenir en sera juge. C'est qu'une fois de plus, on transforme une autorité administrative indépendante en refuge pour élu en mal de fonctions.

L'Etat a décidément bien du mal à admettre sa propre audace...

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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 14:36

Dimanche 4 mai. Sur la route du marché dominical, je savoure "l'Esprit Public", excellente émission quoi qu'un peu pédante parfois. France Culture a ses défauts...

 

L'Esprit Public c'est un peu la "messe" des esprits, des gens de culture, on s'y sent entre bonnes âmes, sans aller pour autant communier, question d'horaires. Mais ce matin, j'avoue qu'une certaine sidération m'a frappé. Au programme, classiquement, conformément aux bonne règles de Philippe MEYER, 2 sujets soumis aux commentaires avisés: le premier bien sûr, ALSTOM. Vous savez le "fleuron" industriel français, au bord de la banqueroute depuis qunze ans, que quelques "patriotes" s'empressent de protéger des griffes de General Electric, ou du blason germanique de SIEMENS. Le second sujet, tout aussi d'actualité, l'Ukraine. La Grande Ukraine, ce pays qui ressemble de plus en plus à un mélange de gruyère suisse par ses trous territoriaux et de symbôle du monde libre, un peu comme Dantzig ou Sarajevo (ça ne promet rien de bon, vu ce qui s'est passé dans ces deux cas).

 

La voiture filant sur les routes sinueuses vers La Flèche, j'écoute avec attention et délectation l'Esprit Public, à peine détourné du flots des commentaires par quelques cyclistes dominicaux qui donnaient à ce parcours un air du prochain Tour de France.

 

Et là, quand même, je me suis demandé comment on pouvait oser. Oser dire cela, oser même le dire à la radio ! Nous venions d'entendre 6 minutes d'analyses économiques pertinentes délivrées par Thierry PECH, directeur général de TERRA NOVA. Au passage, il ne m'a pas semblé entendre un discours de gauchiste de la part du patron d'Alternatives Economiques; les temps changent...

 

Phillipe MEYER, en grand ordonnateur, laisse la parole à Jean-Louis BOURLANGES. BOURLANGES n'est pas n'importe qui: ENA, SCIENCES PO, député européen pedant 18 ans. Son CV doit frôler les 3,5 kilogs de papier, version A3...

 

Bourlanges donc, prend la parole et déclare au sujet de l'entreprise ALSTOM "moi j'y connais rien à toutes ces choses, je suis absolument incapable de dire s'il faut que ce soit repris par les Américains ou par les Allemands". Un mec qui est député européen, depuis vingt ans (!!), et qui se dit incapable d'avoir une analyse pertinente, sensée, argumentée, sur la politique industrielle française, sur le secteur de l'énergie (socle historique de la construction européenne depuis ses origines et la CECA....ça laisse plus que rêveur !

 

Mais comme Monsieur BOURLANGES est un bon politique, il nous sort quand même 4 minutes d"analyses.

 

L'émission se passe, les commentaires s'enchainent...et voilà qu' à la 35ème minute de l'émission,sur le second sujet à l'ordre du jour, l'Ukraine, notre vénéré Philippe MEYER redonne la parole à Monsieur BOURLANGES.

 

Premières paroles de cet ex député européen sur la situation en Ukraine, sur la situation aux portes de l'UE: "c'est extrêmement difficile de suivre ce feuilleton,  je souscris aux analyses qui viennent d'être faites mais là encore je n'ai pas de compétence pour avoir un avis vraiment solide".

 

Remarquez, Jean-Louis BOURLANGES est décidément un bon politique. Il a même fait mieux que sur le cas ALSTOM. Pour l'Ukraine, histoire sans doute de ne pas passer pour trop con, ni plus bête qu'il n'est, ce député européen nous pond une analyse de 5 minutes (une de plus que sur ALSTOM). Chapeau l'artiste !

 

Pondre des analyses sur des sujet qu'on dit ne pas maitriser faut oser !

 

Oser dire qu'on ne comprend rien à la situation du secteur de l'énergie et des politiques industrielles européenes après 18 ans de mandat au Parlement européen, c'est plutôt inquiétant...

 

Ne rien comprendre à la situation en Ukraine quand on a siégé près de 20 ans dans des instances, notamment franco polonaises, ou au sein de commissions en lien avec l'Europe de l'Est, c'est véritablement stupéfiant.

 

L'Esprit Public a cela de pertinent qu'en fin d'émission, Philippe MEYER sonne l'heure des brèves. Les brèves, cela permet à chacun des participants de conseiller une lecture, d'attirer l'attention de l'auditeur sur une problématique qui serait passée inaperçue aux esprits les plus sagaces. Les brèves, c'est donc l'ultime occasion pour les invités de briller par leur sens de l'analyse et de l'acquité.

 

C'est Thierry PECH qui a tiré la sonnette d'alarme la plus brillante ce dimanche: France Télévisions refuse à  ce jour de diffuser les débats du 15 mai des candidats au poste de président de la Commission Européenne. Bravo le sens du Service Public !

 

Monsieur BOURLANGES quant à lui, député européen pendant 18 ans, n'a pensé qu'à nous conseiller une biographie sur Benjamin D'ISRAELI ( 1804-1881).

 

Tout est dit !

 

 

 

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 10:56

albaserrada

 

 

Récemment encore, quelques personnes de mon entourage sont revenues à la charge. Comme d'habitude, Pâques marque le lancement des grandes férias, des corridas, les gradins se remplissent, les aficionados se rendent telle une procession à Séville, Madrid, Arles.

 

Comme chaque année, les bons sentiments sont de sortie. Ceux des "anti corridas", ces charmants défenseurs des toros, qui s'alarment devant tant de "cruauté", devant ces Hommes qui vont voir mourir la bête, s'abreuver de sang et d'or.

 

Comme d'habitude la consternation m'envahit. L'ironie mordante m'assaille devant une civilisation qui en vient à assimiler l'animal à l'être humain. Faisant fi de tout ce qui les distingue.

 

On érige, sous couvert de bon sentiments, la défense des pauvres toros, contre la terrible tradition taurine. A défaut de Mai 68, les descendants ou survivants du Larzac se ruent contre les arènes, les toreros, tout ce qui, à leurs yeux représentent l'inhumanité de ce monde d'aujourd'hui.

 

Ah les bons sentiments...!

 

Mercredi 23 avril, dans la province de Seville, commune de Gerena, les toros du Marquis de Albaserrada ont rangé au fond des tiroirs tous ces bons sentiments. Définitivement.

 

Mercredi donc, on a retrouvé TIMONERO, couché au sol, mort, la peau ravagée de sang. TIMONERO devait combattre à Vergèze dans quelques jours. Donner à son nom une occasion de briller, à ses sabots une opportunité de marteler le sable chaud, à ses cornes de soulever un ou deux picadors. TIMONERO, numéro 33 de l'élevage du Marquis de Albaserrada devait toréer. Pour nous, et d'abord pour lui.

 

Il ne viendra pas à Vergèze. Rejoint qu'il a le paradis des toros.

 

Mercredi donc, le mayoral l'a retrouvé. Couché, au soleil de l'Andalousie, même pas à l'ombre de l'olivier juste à côté de sa dépouille. TIMONERO a été assassiné. Par ses frères. A coup de cornes, ravagé par ses blessures, il a expiré avant d'avoir rejoint les arènes françaises.

 

A Vergèze, tous y penseront. Tous auront une pensée pour lui.

 

TIMONERO ne viendra pas; Ses frères ne l'auront pas permis. Ils ont préféré le tuer entre eux, chez eux, au campo andalou.

 

Les toros se moquent bien des bons sentiments. Et de ceux qui les brandissent.

 

TIMONEROVERGEZE

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 17:27

Dimanche 2 février 2014. Fini de lire "Le Joueur", Dostoïevski, les casinos et les comtesses fauchées. Je me plonge donc dans "Les Beau Draps"; ça sent le souffre, un peu, imaginez donc, un livre arraché chez un bouquiniste, interdit de réédition, un exemplaire original de la NRF version Drieu, Céline à la sauce collabo !

 

On en aurait presque un peu de scrupule à ouvrir le livre. Le dernier pamphlet antisémite célinien, dans votre bibliothèque ça détonne cent fois plus que la correspondance entre Elsa et Louis...

 

Y a des trucs comme ça, dans la vie, qui trainent une odeur, un relent. On ne saurait pas trop dire quoi, mais rien qu'à la vue, on se sent mal à l'aise. Un peu, beaucoup, ça dépend des gens, des jours. Les symboles, ça pèse.

 

Jeudi 6 février ça fera 80 ans jour pour jour qu'on aura vu, entendu, senti même, un agglomérat disparate se ruer sur les ponts de la Seine, à Paris. LE 6 février. Des anciens combattants jamais vraiment revenus de Douaumont, des nostalgiques de la couronne, l'Action Française, semblant éprise d'un nouveau souffle malgré la condamnation papale. Le 6 février quoi !

 

Le 6 février, c'est aussi symbolique que la station Charonne, le Mur des Lamentations, la Basilique St Pierre, l'Arc de Triomphe.

 

Le 6 février ça sent le souffre, mais pas n'importe lequel, celui d'une certaine droite, d'une droite de chez droite, de l'antiparlementarisme le plus viscéral. Le 6 février 34 c'est le symbole de la pré-chute de la Troisième. L'heure du premier réveil des assassins de Mandel, de ceux qui ont abbatu dans les lois, les paroles, les principes, une République sans nul doute imparfaite mais utile, protectrice.

 

Le 6 février on ne peut pas décemment descendre dans la rue, dénoncer les parlementaires, le Gouvernement. Sans dresser un parallèle, dessiner une comparaison, entretenir un doute funeste.

 

Le 6 février, pourtant, pas celui de 1934, non, celui de 2014, la CGT appelle à descendre dans la rue. Alors même si on peut ironiser sur les liens entre leaders syndicaux et Vichy, entre des hauts responsables cgtistes et ce funeste régime, on pensait bien que ces épisodes n'étaient que l'illustration d'égarements individuels, presque isolés.

 

J'entends déjà l'objection: "mais le 6 février, il y avait aussi des manifestants de gauche". Certes. Soit. Sauf que  l'Histoire, l'inconscient collectif se moquent bien des détails. L'image du 6 février c'est sombre, funeste, ce sont les Camelots du Roi, les futurs Doriotistes, les ombres zélées qui se mueront en auxiliaire dévoués du Maréchal, voire du Troisième Reich. On n'y peut rien. L'Histoire est faite de symboles; ça pèse les symboles !

 

En choisissant, volontairement, sciemment, cette funeste date du 6 février, "la centrale" prend un risque. Un gros risque.

 

Celui d'associer une protestation de "gauche" à celle fascistante d'il y a 80 ans. Triste et pathétique symbole d'un syndicalisme dénué de tout sens, sinon moral, tout du moins historique. La lutte des classes méritait mieux. L'histoire aussi. On peut marcher sur des cadavres. Pas sur des symboles.

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