Dimanche dernier, Manuel Valls fut beau. Comme souvent. Un peu plus que d'habitude. La défaite rend à l'Homme un peu de son humanité. Valls voyait ainsi s'achever une tentative que j'avais trouvée incompréhensible, illusoire, désespérée: aussi brillant fut-il durant deux trois ans à Matignon.
Hier soir, un autre était au bord des larmes. François Fillon pris dans les affaires, celle de Pénélope, celle de la Revue des Deux Mondes. Rarement une vidéo de leader politique aura été aussi poignante. De douleur profonde, et d'aveuglement. En la visionnant ce matin tôt, j'ai pensé à Béré..qu'aurait fait Bérégovoy si à l'époque internet avait existé... plutôt que se tirer une balle, un soir, en bord de Loire à Nevers ?
On ne refait pas l'Histoire. A peine peut-on l'imaginer. Frêles suppositions. Illusoires, elles aussi.
Fillon n'a rien compris. On peut avoir été brillant ministre, Premier Ministre durant cinq années, et ne rien comprendre. Ni à l'opinion, encore moins à l'époque. Cette époque, la nôtre, où twitter a remplacé la dépêche papier, où les images vont à une vitesse de 200 légions romaines réunies.
Les "affaires", la démocratie en a connues. Tant qu'une liste exhaustive remplirait un annuaire entier. Panama, Dreyfus, et jusqu'à l'Ancien Régime.
Les suicidés, physiques ou moraux aussi.
Le Général Boulanger, en son temps, avait préféré se tirer une balle sur la tombe de sa maitresse. Faisant une dernière fois don de son corps à son seul amour.
Hier soir, sur Facebook, François Fillon s'est suicidé. En public. Par aveuglement.
Oui, sans nul doute, nombreux sont les longs couteaux que l'on a aiguisés, patiemment, pour les sortir au bon moment. Un candidat à la présidentielle est une cible.
Chaban, Giscard et tant d'autres en sont passés par là.
Mais ne confondons pas le "complot médiatique" avec une vidéo même pas retravaillée, où l'actrice centrale de ce scandale s'exprimait posément, librement, avec un détachement d'une rare sincérité. Ne mélangeons pas liberté de la presse et "mensonges répétés". Libre à Fillon de présenter les preuves manquantes, puisqu'il a lui même demandé à la justice d'aller vite, très vite. Difficile de dénoncer un emballement quand on a, soi même imposé le rythme...
Ainsi va la démocratie. Et c'est tant mieux. Elle nettoie les écuries d'Augias à grandes eaux. Mais elle le fait désormais en public, presque en "live". Elle transforme le citoyen en voyeur malgré lui. En spectateur de la chute de ses représentants.
Cruelle démocratie. Mais c'est ainsi.
Même cruelle, même blessante, la démocratie vaut mieux que tout autre régime. Aussi cruelle soit-elle, elle n'impose à personne ni aveuglement, ni acte désespéré. Juste un peu de clarté.
Ce que les Français demandent, tout simplement.
Ce que Fillon n'a pas compris.
https://www.facebook.com/fillon.francois/videos/10155020818512533/