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4 février 2017 6 04 /02 /février /2017 06:35

Dimanche dernier, Manuel Valls fut beau. Comme souvent. Un peu plus que d'habitude. La défaite rend à l'Homme un peu de son humanité. Valls voyait ainsi s'achever une tentative que j'avais trouvée incompréhensible, illusoire, désespérée: aussi brillant fut-il durant deux trois ans à Matignon.

Hier soir, un autre était au bord des larmes. François Fillon pris dans les affaires, celle de Pénélope, celle de la Revue des Deux Mondes. Rarement une vidéo de leader politique aura été aussi poignante. De douleur profonde, et d'aveuglement. En la visionnant ce matin tôt, j'ai pensé à Béré..qu'aurait fait Bérégovoy si à l'époque internet avait existé... plutôt que se tirer une balle, un soir, en bord de Loire à Nevers ?

On ne refait pas l'Histoire. A peine peut-on l'imaginer. Frêles suppositions. Illusoires, elles aussi.

Fillon n'a rien compris. On peut avoir été brillant ministre, Premier Ministre durant cinq années, et ne rien comprendre. Ni à l'opinion, encore moins à l'époque. Cette époque, la nôtre, où twitter a remplacé la dépêche papier, où les images vont à une vitesse de 200 légions romaines réunies.

Les "affaires", la démocratie en a connues. Tant qu'une liste exhaustive remplirait un annuaire entier. Panama, Dreyfus, et jusqu'à l'Ancien Régime. 

Les suicidés, physiques ou moraux aussi.

 Le Général Boulanger, en son temps, avait préféré se tirer une balle sur la tombe de sa maitresse. Faisant une dernière fois don de son corps à son seul amour.

Hier soir, sur Facebook, François Fillon s'est suicidé. En public. Par aveuglement.

Oui, sans nul doute, nombreux sont les longs couteaux que l'on a aiguisés, patiemment, pour les sortir au bon moment. Un candidat à la présidentielle est une cible.

Chaban, Giscard et tant d'autres en sont passés par là.

Mais ne confondons pas le "complot médiatique" avec une vidéo même pas retravaillée, où l'actrice centrale de ce scandale s'exprimait posément, librement, avec un détachement d'une rare sincérité. Ne mélangeons pas liberté de la presse et "mensonges répétés". Libre à Fillon de présenter les preuves manquantes, puisqu'il a lui même demandé à la justice d'aller vite, très vite. Difficile de dénoncer un emballement quand on a, soi même imposé le rythme...

Ainsi va la démocratie. Et c'est tant mieux. Elle nettoie les écuries d'Augias à grandes eaux. Mais elle le fait désormais en public, presque en "live". Elle transforme le citoyen en voyeur malgré lui. En spectateur de la chute de ses représentants.

Cruelle démocratie. Mais c'est ainsi.

Même cruelle, même blessante, la démocratie vaut mieux que tout autre régime. Aussi cruelle soit-elle, elle n'impose à personne ni aveuglement, ni acte désespéré. Juste un peu de clarté.

Ce que les Français demandent, tout simplement.

Ce que Fillon n'a pas compris.

https://www.facebook.com/fillon.francois/videos/10155020818512533/

 

 

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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 02:54

Il y a 6 mois s'éteignait Michel ROCARD. On avait appris cette nouvelle avec émotion. Dimanche soir, j'ai été content qu'il fût mort..pour lui éviter de vivre ce soir de primaire qui l'aurait sans nul doute achevé.

A Matignon dimanche, Bernard CAZENEUVE a du se resservir un cognac. Estomaqué en voyant le score de Benoît HAMON. Il lui en faut beaucoup pourtant. Mais CAZENEUVE a vite compris. Et nous aussi.

Certes les tensions entre "l'aile gauche" du parti et la Présidence de la République ne datent pas de cet hiver. Cinq années ça a même duré. Une guerre larvée. Mais même larvées, les guerres, qui plus est lorsqu'elles sont civiles, font des morts.

Dimanche ce fut le grand enterrement. Pas celui de Valls. Ni celui de Hollande. Non, dimanche, le PS a tout simplement enterré d'un coup 40 années de son histoire. Quarante années entamées un soir de juin 71 à EPINAY. Dix années à construire un programme jusqu'à l'élection de François MITTERRAND. Enfin, agir car en politique la légitimité et l'action ne font qu'un.

Dimanche soir, Pierre BEREGOVOY a du avoir bien mal. Lui, l'ouvrier besogneux devenu Secrétaire Général de l'Elysée un soir de mai 81, puis brillantissime Ministre de l'Economie, enfin Premier Ministre, Béré a sans doute essuyé quelques larmes, en se demandant pourquoi son parti renonçait à tant d'années de labeur.

A Châtellerault, une ex grande dame a eu un haut le coeur. Elle qui fut la première femme à co-diriger l'Etat depuis l'Impératrice Eugénie (juillet 1870 !), qui avait porté les premiers coups de buttoir contre la corruption des partis politiques..Edith CRESSON n'a pas pleuré. Juste pâli. De rage et d'écoeurement. Devant tant de renoncements annoncés.

Avoir fait front durant 10 mois, contre vents et marées...pour tout ça..

Dimanche soir, un air de 1965 a soufflé rue de Solferino. Celui des années que l'on croyait révolues. Celles où les socialistes n'étaient qu'une ombre, reclus dans une niche, celle de l'opposition au régime, au pouvoir, du temps où la SFIO pensait plus à critiquer qu'à assumer.

Benoît HAMON a parlé. De belles choses. Les chimères et les rêves sont souvent doux à entendre. Les enfants aiment les comptines, le soir, lovés sous leurs draps.

Dimanche soir, le PS a joué à Peter Pan. Préférant l'enfance éternelle plutôt que la charge du pouvoir. Les rêves plutôt que l'action.

Le temps des chimères est bel et bien revenu...

 

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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 06:40

 

 

 

 

 

 

Ce matin, j'ai ouvert les yeux. A peine 6 heures s'affichaient. Et j'ai pensé à "Charlie". Le cerveau est ainsi fait. Mystère de la réminiscence. C'était il y a deux ans et deux ans après je revis ces quelques jours de janvier 2015, pas plus que 5. Cinq jours entre ce mercredi 7 janvier au matin, où une rédaction emblématique, symbolique se trouvait décimée et ce dimanche 11 dans l'après-midi où une marée humaine emplissait Paris et nombre d'autres villes. Telle une communauté soudée, unie dans l'effroi et pleine de volonté, celle d'avancer, ensemble, unis, soudés et solidaires.

Une communauté a besoin de repères. Parfois de drames, pour peu qu'ils soient partagés. Pour faire collectif. La Nation érigée en 1789 avait ses symboles, construits au fil des décennies. Notre France contemporaine verra-t-elle en "Charlie" l'un de ses piliers sur lequel construire pour demain ?

J'en doute. Je ne le nie pas. Pas catégoriquement. J'espère encore.

Mais deux ans après, où est passée cette communauté qui marchait, bras dessus bras dessous, les mains unies, les regards meurtris où les larmes cherchaient vers l'autre, quel qu'il soit, un peu de réconfort, de tendresse..?

Nous nous aimions alors. Sans scrupule ni préjugé. Le 5 janvier nous étions pétrifiés, rappelés de nos illusions par la folie du monde. Le 11, nous regardions l'autre à nos côtés et nous n'y voyions alors qu'un ami, un être comme nous, vers qui nous retourner, confiant, sans se demander ce qu'il pensait, ce qu'il faisait, ce en quoi il croyait. Nous étions en pleine communion, de celles, rares, où l'être humain recouvre sa vraie valeur, sa pleine capacité à simplement aimer.

Pourtant, depuis deux ans, tant de choses ont passé...

Il parait qu'aux obsèques de Victor Hugo, en 1885, Paris fut submergée. Une marée humaine comme la capitale n'en avait pas connue depuis la Révolution. La France communiait alors pleinement et la République encore naissante voyait en cette foule amassée, pour l'un des grands écrivains de son siècle, l'espoir d'une fondation. La Troisième République naissait peut-être ce 1er juin 1885 pour les obsèques d'Hugo.

Pourtant, il ne faudra pas 10 années de plus pour que cette même foule unie alors, s'entredéchire encore plus ardemment: l'Affaire DREYFUS éclata en 1894. Et le pays tout entier se retrouva plongé dans un conflit interne digne des guerres de religion. Les ligues et les plus vils instincts rejaillissaient. Hugo était bien loin...

Il parait que notre Temps contemporain s'est accéléré. Technologies et mondialisation obligent.

Tâchons de conserver cette sublime communion. Où nous ne vaudrons pas plus que les "assassins" de Dreyfus. Et les vrais assassins du 7 janvier auront bel et bien gagné.

La République en serait gravement blessée. Et notre citoyenneté, avec.

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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 15:09

Il fallait bien que je finisse par le lire ce pestiféré de Lucien REBATET. Pensez-donc que pendant 4 ans, à l'IEP de Toulouse dont on ne peut douter qu'il soit à gauche, on m'a rabâché les oreilles avec ce type. Ni le libéral Tocqueville, ni Arendt, ni Sartre. Pas besoin, ceux-là on les lisait déjà bien sûr. Non REBATET. Lucien de son prénom.

 

 

 

 

Des profs de gauche pourtant ! Eh bien ils n'arrêtaient pas de nous le dire, et redire: "lisez Rebatet ! C'est un génie littéraire !". L'écrivain classé comme le plus nazi des plumes françaises pourtant..

Même moi qui ait lu à peu près tout ce que la France compte d'écrivains des années 30-40, je n'avais jamais ouvert un livre de Lucien. Faute de temps, et parce que les Céline, Maurras, Drieu étaient déjà dans la bibliothèque. Le lecteur aussi curieux soit-il est parfois paresseux...

Alors l'autre jour, en plein décembre, dépité de ne pas savoir choisir entre le provençal GIONO ("Un de Baumugnes") et le sulfureux Buisson qu'on venait de m'offrir, je me suis dit que le moment était venu. Les Editions PAUVERT, plutôt très réputées mais pour des oeuvres licencieuses et osées, avaient publié en 1974, ou plutôt réédité "LES DECOMBRES". Et un oncle de ma femme l'avait déniché dans une brocante avant de me le refiler. Deux ans que l'ouvrage et ses 600 pages patientaient dans le salon, coincé entre BARBEY D'AUREVILLY et Patrick MODIANO, deux de mes deux auteurs fétiches.

On m'avait décrit "LES DECOMBRES" comme empli d'antisémitisme...moi qui ait renoncé au bout de 10 pages d'un MAURRAS, agacé par son délire sur "les Juifs", je dois bien rappeler ici que, certes, l'antisémitisme de REBATET est indéniable, mais pas plus prégnant, voire bien moins qu'on ne le trouve chez tant d'autres. On trouverait bien plus d'attaques contre les "Juifs" chez certains "grands philosophes" ou "grands penseurs" des siècles de l'Ancien Régime !

Finalement, que retenir de ces 600 pages ?

L'intérêt de ces écrits français de la fin des années 30 repose souvent sur l'analyse, le ressenti, le vécu de la fameuse "débâcle", précédée de "la drôle de guerre". Ces longs mois d'attente qui courent de septembre 39 à mai 40, puis les semaines de folie, d'exode, où la déferlante allemande renvoie Maginot à ses délires et amène la France au bord de son propre précipice. Où Marianne observe à ses pieds le vide sidéral où son aveuglement et politique, et militaire l'ont amenée: devant un champ de ruines et d'insignifiance, écrasée par la démesure totalitaire du Reich d'Hitler.

2016 avait été l'année de lecture de Marc BLOCH, auteur du réputé "L'Etrange Défaite" (1940). J'avais peu apprécié le style. Trop empreint d'un ton professoral. Sans style propre. Quant à son analyse de la débâcle de 40: mon grand-père me l'avait cent fois racontée. Rien de neuf donc. Impression de ressassement. Déception littéraire au final. On peut avoir été un grand historien et résistant et demeurer un narrateur sans envergure.

Avec REBATET je pensais donc découvrir d'autres cieux sous lesquels la décrypter, cette débâcle. Trouver une autre perspective, celle d'un angle plus nationaliste que BLOCH n'aurait pu l'avoir. Moins critique sur la France. Que nenni. La "divine surprise" si j'ose, c'est bien que ni Marc BLOCH ni Lucien REBATET ne varient. Certes, le dernier y voit la main des "Juifs" parfois. Mais pas tant.

On dirait ainsi le regard de gauche de BLOCH et celui de droite de REBATET composant un même visage. Dépité et accablé par le même paysage. Raillant les mêmes lâchetés. Ne faisant qu'un.

La débâcle est d'autant plus débâcle si, ainsi, les lettres françaises se retrouvent unanimes à la juger. Leçon d'histoire à méditer...

Alors, me direz-vous, qu'attendre de plus de cet ouvrage ? Eh bien pas grand chose en vérité. Juste un chapitre ou deux. Mais quels chapitres ! A eux deux, ils mériteraient un livre entier. Séparément, une analyse par 10 étudiants !

"MAURRAS comme on ne l'a jamais vu": voilà le premier intérêt. En un chapitre, REBATET nous dépeint l'homme. Le théoricien du "nationalisme intégral" comme on ne l'a jamais imaginé. La nuit, dans les locaux de son journal l'Action Française. La vision de cet homme qui, il faut bien le reconnaitre, fut l'un des plus grands intellectuels du début du XXème siècle français, est une anthologie historique en quelques pages. Jamais le provençal barbu n'est ainsi apparu dans aucun autre témoignage. REBATET n'y vas pas par le dos de la cuillère au demeurant. Cinglant dans le style, vitupérant contre la paresse de l'écrivain, sa quasi folie à ne rien structurer dans ses écrits, son goût pour la Grèce antique qu'il ressort à toutes les sauces, même lorsque Berlin ou Dantzig rappellent qu'Athènes est morte et l'Olympe désormais à Berchtesgaden.

Et puis il y a la fin de ces fameuses "DECOMBRES". Même Marcel OPHULS qui initia magistralement le retour de la mémoire en France sur ses heures noires ("Le Chagrin et la Pitié) fléchirait devant les dernières pages !

REBATET s'y livre. Un peu. Mais il nous livre surtout la première peinture du premier Vichy. Pas celui des heures les plus sombres, quand LAVAL revient par la grâce des Allemands et que de la Zone Sud il ne reste que la mémoire illusoire des premiers temps. Ce n'est pas non plus le Vichy à l'agonie, emporté dans les bagages du Reich décrépi, faisant croire au mirage de l'autre côté du Rhin, tout là-bas à SIGMARINGEN. C'est le Vichy des premiers temps, des premiers Hommes. Quand à peine signée l'Armistice, nombreux sont ceux encore qui hésitent, et croient voir en PETAIN la "résistance intérieure" et en DE GAULLE le bras armé qui frappera, coordonné. Cette alliance du vieux maréchal et du jeune colonel, elle fut avancée par certains pour expliquer "leur" Vichy. Longtemps je n'y ai vu qu'un mythe, une échappatoire de faux résistants pour justifier leurs hésitations. Raymon ARON et d'autres l'avaient cependant affirmé, un temps.

Et pourtant, dans "LES DECOMBRES" c'est ainsi que l'on nous dépeint la vie quotidienne à Vichy entre l'été 40 et le printemps 41. REBATET n'a de cesse de cibler tel ministre ou tel haut fonctionnaire qui travaillerait pour DE GAULLE. Mais surtout, au delà de ce qui pourrait ressembler à un mensonge fourni par les nostalgiques de PETAIN, il recense un certain nombre de mesures, décisions, qui semblent étayer cette thèse d'un Vichy plus nationaliste qu'on ne l'a dit, moins germanique qu'on ne le dépeint aujourd'hui. Si tel est le cas, alors il faudra de nouveau se pencher sur ce régime et ses sbires. Ecrit en 41, on ne peut en effet pas soupçonner REBATET d'avoir revu son oeuvre pour échapper à ses juges après la Libération. La thèse de ARON serait ainsi loin d'être annihilée par celle de PAXTON...et ce serait les 40 dernières années des débats sur l'histoire de Vichy qui s'en trouveraient relancées...qui plus est par un témoin de premier choix !

 

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Published by Manolito
2 janvier 2017 1 02 /01 /janvier /2017 14:43

2 janvier, une nouvelle année s'annonçait passionnante...et l'information tombée en début de matinée est venue refroidir un ciel hivernal déjà bien chargé. A 60 ans, François CHEREQUE venait d'expirer.

 

 

 

 

 

 

 

CHEREQUE n'aura pas été de "ma" génération. Mais on n'entre pas à la CFDT en 2006 sans qu'il n'y soit pour rien. Encore aux manettes, le barbu tranquille tenait une confédération gravement secouée par l'ère NOTAT. La Tsarine blonde qui l'avait précédé avait confié une confédération déjà fragilisée. Il fallait reconstruire, recimenter un syndicat puissant mais où nombreux tourbillonnaient. Et nombre d'autres partaient vers d'autres rivages de la lutte sociale.

Mais CHEREQUE n'a pas sorti le mortier. Encore moins le drapeau blanc. Il a enfoncé les quelques portes encore tenues par des bastions internes rétifs au changement.

En faisant approuver la réforme FILLON des retraites en 2003  par son syndicat, certains y avaient vu la mort de la CFDT, une trahison par une confédération jugée trop emplie de cadres, sociaux-démocrates; Et au capitalisme meurtrier.

CHEREQUE aura tenu. Un capitaine ne quitte pas le navire qu'il commande. Mieux, il change d'équipage plutôt que d'embarcation.

Et à ceux qui l'auraient oublié, CHEREQUE a retrouvé le bitume qu'il a battu des pieds contre nombre d'autres réformes, même de FILLON. Rappelant que si sa CFDT défendait le pragmatisme et la réforme, elle n'entendait pas renoncer à son rôle de force sociale vigilante contre l'exploitation des plus faibles et les dérives libérales consuméristes. Humanisme oblige.

Nicole NOTAT aura été honnie. CHEREQUE à peine moins.

Pourtant à son départ, magistralement orchestré, en 2012, la CFDT aura réussi à retrouver une légitimité jamais égalée. Mieux: une dynamique portée par une étiquette "réformatrice pragmatique" qui a ouvert le syndicalisme français au monde contemporain.

Oubliées les années 70, la cogestion, Lip, les années MITTERRAND...

François CHEREQUE a renvoyé le vieux patronat français à ses délires anti communistes dignes de l'époque Brejnev. Tout autant que SUD ou la CGT dans leurs visions d'une société anarchisante ou de classes incapables de répondre aux défis d'une planète mondialisée. D'un monde numérisé et fluidifié.

Laurent BERGER qui lui a succédé aura finalement hérité d'un prédécesseur d'une rare qualité. Car CHEREQUE n'aura pas seulement tenu coûte que coûte pour "sauver les meubles". Il n'aura pas simplement assuré la transition entre NOTAT et BERGER. Pas seulement sauvé la CFDT.

Il aura surtout changé le monde syndical français. Et permis, non à la seule CFDT de refonder sa propre légitimité d'organisation syndicale de masse, mais bien d'imposer le principe même du syndicalisme au XXIème siècle.

Contre l'individualisme forcené.

Humanisme oblige.

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Published by Manolito
30 décembre 2016 5 30 /12 /décembre /2016 07:59

L'annonce est tombée un après-midi de décembre. Le Président de la République venait d'user de son pouvoir qui, en vertu de l'article 17 de la Constitution l'autorise à grâcier un individu.

Et tout s'est emballé. Comme désormais la société des réseaux sociaux sait le faire. Chacun y va de son commentaire. Nous sommes devenus les nouveaux esclaves de nos technologies. Ce papier en est bien la preuve.

Et les juges, les politiques, et chacun de nous.

Comme si on ne manquait pas de débat, en voilà un nouveau. Un énième. Mais qui, à quelques semaines des élections présidentielles, pourrait bien endosser facilement le rôle de sujet de société. Monsieur HOLLANDE s'y connait en sujet de société: son quinquennat n'a finalement abrité que cela. Du "mariage pour tous" à "Notre Dame des Landes" et à chaque fois sans être capable d'aboutir à une majorité claire de la société.

Alors voilà que l'article 17 est arrivé quelques jours après les Rois Mages. Et les juges, en tout cas certains, s'indignent d'un tel pouvoir. Oui ce pouvoir de grâce présidentielle est ancestral, même pluri-centenaire. Hérité de l'Ancien Régime, des Rois et Régents du Royaume de France et maintenu, même atténué, par cette si "monarchique" république.

Le 19 septembre 1899, fraichement élu Président de la République, Emile LOUBET usait lui aussi de ce pouvoir...libérant ainsi le capitaine DREYFUS, condamné à deux reprises...parce que de confession juive.

Le 25 mai 1981, François MITTERRAND prononcait une grâce présidentielle en faveur du dernier français condamné à la peine de mort. Philippe MAURICE restera emprisonné, mais non exécuté.

La grâce présidentielle n'est pas une décision de justice. Elle n'est pas l'amnistie, votée par le Parlement, qui, elle, efface tout bonnement la condamnation. La grâce de l'article 17 ne libère pas le citoyen de sa condamnation. Elle n'est qu'une mesure individuelle d'humanité, permettant soit une réduction de peine, soit sa libération. Voire, une mesure politique.

Il ne revient justement pas aux juges de s'accaparer ce pouvoir politique qui, lui, répond aux évolutions sociales et se trouve investi de la plus lourde et nécessaire fonction: celle d'amener le corps social à décider du chemin qu'il entend emprunter. Quitte à parfois renverser la table.

La grâce présidentielle de septembre 1899 était ainsi un acte fort qui permit à Emile LOUBET de sa placer farouchement contre son armée qui avait préféré sacrifier un de ses capitaines, pour d'obscures raisons religieuses au mépris des principes républicains. Le 19 septembre 1899, s'ouvrait ce long chemin qui devait aboutir à une réhabilitation judiciaire nécessaire.

Par sa grâce du 25 mai, François MITTERRAND entendait marquer définitivement sa farouche opposition à la peine de mort. Que le parlement allait abolir quelques mois plus tard.

En signant ce décret, le Président de la République a sans doute voulu ouvrir un autre débat, sur un sujet parmi les plus tabous. Celui des femmes battues. Car n'oublions pas que dans ce pays si développé, les chiffres demeurent et sont sans appel: si l'année 2014 a ainsi vu 143 individus tués par leur conjoint(e)....118 étaient des femmes. Dans ce pays où chacune a ainsi les mêmes droits que l'homme, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint.

La décision présidentielle ne devrait-elle pas nous amener, plutôt qu'à ergoter sur ce pouvoir discrétionnaire, à ouvrir un débat de fond essentiel et trop feûtré jusqu'à présent: celui des violences dans le couple ?

En signant ce bout de papier, François HOLLANDE a rappelé à nos esprits enivrés par cette période de fêtes, que certains sujets mériteraient quelque peu notre attention.

La grâce présidentielle n'est au final qu'une mesure "politique" et parce qu'elle l'est, cette mesure inscrite dans notre Constitution mérite justement d'y demeurer.

 

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 19:50

 

 

 

 

 

 

Quand on m'a dit que Macron lançait son mouvement "En Marche", j'ai souri. "Il a trop lu Mussolini" ai-je même lâché, avec un petit rire. Et durant des semaines, et des mois, dès que l'on en parlait, je plaisantais. Et je me rappelais Jacques Chirac, un midi à l'Elysée, disant que tout cela ferait "pschitt".

Mais la bouteille n'a pas chaviré. Le bouchon a tenu. Et les marchands du temple s'en sont allés tous seuls. Sans qu'on les chasse. Dépités devant tant de jeunesse.

Macron donc, cet après-midi. Un samedi pas comme un autre, pensez-donc. Crevé, couché à 15h20, une sieste d'une bonne heure et au réveil, un réflexe: allumer la télé et regarder, écouter, observer ce meeting dont tout le monde parlait. Le lancement d'une campagne, celle d'Emmanuel, ancien numéro 3 de l'Elysée, ancien Ministre, ancien fonctionnaire. Ancien en tout, sauf en âge: 39 ans dans 10 jours.

Le 10 décembre. Belle date ! Celle où Marcel Proust obtint le Prix Goncourt, celle où Menahem Begin et Anouar el Sadate furent Prix Nobel. Le 10 décembre donc, Emmanuel le Flamboyant se lance.

Un discours fleuve. Digne du Tibre. Encore faut-il savoir nager, parler, respirer entre les vagues. Et Emmanuel sait. Maïtrise. Avec lui, passez-vous de "chauffeurs de salle", de musique, de cris: en trois mots il vous illumine l'Olympe, il sort Thésée du labyrinthe. Macron est brillant. Brillantissime même.

Durant deux heures et plus, tout se déroule, tel le fil d'Ariane. Sans pique trop aiguisée; sans allusion blessante. La force de Macron c'est de marcher en effet, sans se retourner, sans même jeter un regard sur les autres qui se battent. Jésus n'a pas fait mieux sur son chemin de croix.

Le programme est osé. Lancé sur le ton de l'audace. Mais pas celle tant entendue. Pas l'audace prétentieuse, non. Une audace novatrice. C'est JFK contre Nixon en 1960, Clinton contre Bush père en 92...Mitterrand un peu aussi, en 81.

Un programme du XXIème siècle à coup sûr. Ni Thatcher, ni Staline. Juste ce bon milieu, avec tout de même quelques pas de côté. Et une envie, celle d'avancer. Pendant que tant d'autres crèvent. Les cadavres ne se comptent plus sur notre champ politique. Le PS est aphone quant aux Républicains, leur propre candidat ne passe pas chez nombre d'entre eux.

Alors tel le Fascisme, la troisième voie qui voulait tout rejeter, capitalistes et communistes, "En marche" est là. Emmanuel MACRON devant. Et si bien entouré.

Sincèrement, en une heure on aurait tout vendu. La voiture, les bijoux, rien que pour tenter l'aventure que l'on nous proposait. Et pour une fois, avec humanité et tendresse. Pas de haine, pas de larmes, juste l'envie d'essayer.

Talleyrand aimait à le répéter "dans ma famille, le savoir vivre est le savoir mourir". Louis XIV tout Roi Soleil qu'il fut aura chuté avant que d'expirer. Louis XVI aussi. Tous, même Napoléon III. La chute serait-elle vérité ?

Et c'est bien sur la chute, pas la sienne, mais celle de son discours, qu'Emmanuel MACRON a sans doute révélé une faille de son programme. Ou de son milieu. Tel un cabri, il a sauté, sauté, en criant "l'Europe, l'Europe, l'Europe".

Et voilà.

J'avoue avoir été surpris. Pas complètement mais tout de même. Car sur l'Europe, Macron c'est Mitterrand et Kohl réunis. Plutôt classieuse comparaison. Mais tout cela date. Quand Macron parle d'Europe, une Europe avec nous, et nous avec elle; il ne dit pas que des sottises. Pis: il ferme les yeux sur ce qui nous entoure.

Macron parlant d'Europe, c'est JFK oui, mais devant le Mur de Berlin encore droit. C'est Mitterrand à Verdun, c'est Maastricht ressuscité. Bref, c'est beau, tentant, presque excitant, en tout cas euphorique. Mais ça date de 30 ans. Comme si..

Comme si en 2016, l'UE était jeunette, frêle et pleine de vie. Ouverte sur le monde, désireuse d'apprendre et de découvrir.

Emmanuel MACRON nous parle d'Europe comme on raconte la Belle au bois dormant à un enfant de 3 ans qui s'endort le soir.

Il oublie juste qu'en 30 ans il y a eu tant de choses. Srebrenica et l'UE sourde. Des référendums qui ont dit non à tout ou presque. Des traités ratifiés la nuit dans des Parlements silencieux. Des Peuples qui n'en veulent plus et à qui on ressert la soupe même pas tiédie.

Tant de choses nouvelles. Et Macron les ignore. Comme il ignore ses concurrents, officiels ou attendus.

L'ignorance ne fait pas un cadre. Et c'est là bien sa faille. Car sans cadre il n'y a rien de fiable. Sans axe, la toupie ne tourne pas. Sans frontière, il n'y a pas de borne, et donc pas de limite. Et sans limite, c'est une marche insensée. Alexandre le Grand l'a appris bien trop tard. En marche lui aussi. Elle fut même toute sa vie.

La chute est souvent éclairante. Rédhibitoire pour le jugement dernier.

Mais pour les urnes ?

 

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Published by Manolito
3 décembre 2016 6 03 /12 /décembre /2016 16:29

Il y a des jours sans fin, des nuits bien longues, où l'esprit si meurtri, les larmes remplaceraient bien les mots.

Vous êtes venus en France, migrants, réfugiés. Venus pour chercher quoi ? Et qu'avez vous trouvé....des cris, des larmes, un peuple qui s'enivre de si peu, et un monde consternant que le lointain des bombes, la quiétude des vergers, l'apaisement d'un refuge, ne sauraient compenser.

Cinq mille, six mille kilomètres parcourus. Vous vous disiez qu'enfin, là-bas, vous seriez à votre aise, protégés de la guerre, des famines, de la soif, des violences et des larmes. Paris sera toujours Paris. Avec son insouciance. Que c'est beau l'insouciance quand on sort d'une guerre, d'un conflit, et qu'on aspire pas plus qu'à s'endormir confiant en pensant que demain sera plus doux encore.

La France vous en rêviez. Depuis quand ? Depuis où ?

Et vous voilà chez nous. Et qu'avez vous trouvé ?

Au pays des Lumières, l'obscurité s'installe. Beaumarchais est bien mort. On ne lit plus du tout, on crie, on vitupère, on marmonne quelques fois.

Dans ce pays français que mille ans ont construit, que tant de troubadours ont parcouru de nuit; où les Reines étaient dignes, et les Maîtresses exquises; où le désir des sens s'accouplait au savoir, vous avez vacillé, devant tant de mouroirs.

On aimait tant les livres, les idées, les pensées. Les philosophes eux mêmes charmaient et éduquaient. Et jusqu'à nos Empereurs, le second, le premier, ils nous ont tant aimés, apporté, développés.

Dans ce beau pays France, où tant d'hommes ont marché, tant d'âmes se sont élevées, une Pucelle, un berger, où tant d'autres sont restés, il ne reste plus rien, pas même des idées..

La preuve: Alexandre JARDIN se déclare candidat. Président ? signez là !

2017 sera notre cimetière. Qu'il ne soit pas le vôtre, après tant de chemins, de sueur et de peine. Nulle sera bien la nôtre, l'inculte ne souffre point. Il ergote, il soupire, et s'en va doucement, sans penser, sans souffrir.

Migrants, réfugiés, reprenez donc la route. L'hiver vient, il parait. Et avec lui notre déroute. La France était si belle, si grande, si cultivée. la France que vous aviez, tant de matins, rêvée.

Elle n'est plus, elle est morte. Sauvez votre linceul. Ne portez pas le nôtre.

 

 

 

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Published by Manolito
26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 16:55

A 17 ans je maîtrisais suffisamment l'Allemand; alors le hasard m'a amené vers la langue italienne. Syndrome de la vieille puissance de l'Axe ? Pas celle du Vatican. A l'époque, les Jésuites étaient encore bien loin de mes intérêts intellectuels.

Il aura suffi d'une prof d'italien audacieuse, et grande professionnelle malgré son jeune âge. On a tous plongé en Italie, et par la plus grande fenêtre qui s'offrait à nous: celle du grand écran, des films. Dans cette aventure de 24 mois, aussi passionnante que riche il y eut deux révélations. L'une, morte, bien morte: le cadavre d'Aldo Moro. Victime d'une extrême gauche qui avait, par fanatisme tout autant que crétinisme intellectuel, rien de mieux imaginé qu'une séquestration des plus ignobles. Et un coffre de voiture pour cercueil d'un des plus grands dirigeants politiques que l'Italie ait connue.

L'autre: une bande, une sacrée bande d'acteurs ! Vittorio Gasmann en Cardinal électeur papal, Ornella Mutti qui répondait aux divines pulsions de mon adolescence...et toi, Alberto !

Les Nouveaux Monstres, chef d'oeuvre absolu de la comédie italienne. Chef d'oeuvre indiscutable. Parce que l'on touche là à tout ce que la société déploie de cynisme pour parfaire à sa morale et enfermer dans un carcan les idées et les Hommes.

Depuis 1977, on pensait tous avoir atteint un point que l'on ne retrouverait plus.

Eh bien non !

Mon cher Alberto, chez nous aussi le cynisme bat son plein. 40 ans ont passé depuis que tu te promenais dans les rues de Rome au volant de ta Rolls, brinquebalant un presque cadavre d'hôpital en hospices. La nuit romaine se prêtait à ton extravagance. Mussolini revenait hanter ces romains puritains ou simplement militaires.

Tableau d'une société aussi drôle que grotesque. Ou l'inverse. Mais aussi assassine.

La France des Lumières, qui a depuis longtemps abandonné ses mythes, a désormais failli abandonner son honneur. Pas sur les champs de bataille, non. Sur celui de pauvres espaces publicitaires. Cette publicité dont tu te moquais tant Alberto, sert parfois de belles choses, tu sais. Pour une fois, on avait placardé des affiches utiles. "On", ou plutôt le Ministère de la Santé. Des affiches pas si bêtes, pas si connes. Des affiches pour prévenir du sida et des autres merdes que la douceur de vivre de la luxure fait parfois oublier.

Mais voilà, 40 ans ont passé chez nous aussi. Et si peu a changé.

Dans mon beau pays que tu appréciais tant, on dit encore en 2016, après tant de morts du SIDA, après tant d'années de discriminations, que deux hommes qui s'aiment sont "de la chair à pâté", que les montrer c'est "monstrueux", que cela va choquer des enfants.

Alors des maires ont retiré ces affiches. Au nom d'un Ordre Moral que le Maréchal Mac Mahon ou Philippe Pétain n'auraient pas renié.

Et j'ai repensé à Giovan Maria Catalan Belmonte, camérier auprès du Saint Siège, tentant de déposer son blessé dans un hospice de bonne soeur et s'en allant au volant de sa Rolls mi dépité mi caustique. On ne secoure plus passé 22 heures chez les bonnes soeurs. De peur d'y faire entrer l'étranger.

Ici aussi, cher Alberto, le pire est toujours possible, imaginé, et craint. Tel deux hommes s'embrassant. Oubliant que ces affiches visent à les protéger, eux et les leurs. C'est à dire nous aussi. Car vois-tu, cette France qui s'émeut si peu d'images de guerre, trouve que deux hommes qui s'embrassent jettent un bien plus grand trouble qu'Alep sous les bombes depuis 5 ans.

La France, mon cher Alberto, a tant oublié.... Et rien n'a changé.

Il n'y aura plus de suite aux Nouveaux Monstres. Ugo Tognazzi, Vittorio Gasmann et même toi, êtes tous morts. Alors dans ce monde où l'ignominie côtoie l'absurde au point de tuer, sans que l'on ne puisse ni éduquer ni informer, il nous reste, par chance, à revoir et revoir et rerevoir ce chef d'oeuvre du cinéma italien.

Si ancien et tragiquement contemporain.

Pardon Alberto...

 

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Published by Manolito
15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 17:36

On écoutait les commentaires venus de Washington, et même les hauts cris près de chez nous face au nouvel élu Trump, quand on nous a gentiment parlé d'IVG. Il faut bien reconnaitre que si Trump a fluctué sur nombre de sujets, sur celui là aussi il a bien divagué. Finalement, sans doute un peu par conviction, et beaucoup par opportunisme, le futur Président annonçait sur CBS dimanche, vouloir nommer des juges "anti avortement" à la Cour Suprême.

Dimanche, le parti républicain a du souffler un peu. Comprenez les ces pauvres diables: l'élection présidentielle gagnée, voilà que Monsieur TRUMP commençajt déjà à jouer des tours à ses propres amis ! "oui" au mariage homosexuel, "non à l'abrogation de l'Obamacare" (juste éventuellement "oui" à des "amendements), un mur avec le Mexique qui commençait à ressembler à un grillage, des expulsions de mexicains illégaux devenus une simple politique d'expulsion des "chefs de gang" et des "criminels" (un truc que même en France on trouve dans le code pénal) et la nomination comme Secrétaire Général à la Maison Blanche, poste hautement stratégique et puissant, de Reince PRIBUS 44 ans, pas franchement "le gendre idéal" des ultra conservateurs et religieux.

On attendra donc de connaitre l'éventuelle nomination d'un juge en remplacement d'Antonin SCALIA, décédé en mars dernier. Mais ne nous trompons pas: la Cour Suprême est à l'image des USA, d'un libéralisme politique exacerbé...qui l'a ainsi amené à reconnaitre le droit au mariage homosexuel (26/06/2015)...et au nom de la liberté religieuse garantie par le 1er amendement...à autoriser des rassemblements anti homosexuels organisés par une congrégation religieuse (02/03/2011). Et de reconnaitre le droit à l'avortement dans une décision de juin 2016....à 2 voix près...

Et l'on se disait tout de même que "finalement, l'Europe ça a du bon". Enfin ça n'a pas duré. Pas longtemps. Une nuit ou deux. Un peu comme un amour d'été, rapidement envolé. mardi matin, BFM a fait son job. Oui parce que tout de même, ici en France, si on aime cracher sur Trump, on adore aussi vitupérer sur BFM TV. Une chaine d'info continue que tout le monde regarde, dans un monde où plus personne ne lit, comprenez le péril !

Pascale de la Tour du Pin, toute descendue de sa noble condition sortait en effet ce matin un sujet pas décousu. Même franchement bien ficelé. Objectivement pas mal. Et tragiquement alarmant.

Il y a quelques jours, dans "à la recherche du nouveau monde" j'évoquais cet échec. L'un des plus retentissant, et pas encore complet, mais bientôt établi; celui de l'Europe, ou plus exactement de l'UE, cette belle union dont raffolent tant certains, et qui en 60 ans (CEE comprise) n'aura produit que peu de choses, et détruit tant d'autres.

Le sujet donc: l'IVG. Un truc que franchement, tout français a presque oublié. Depuis les lois Neuwirth et Veil, quarante ans ont passé. l'IVG c'est un peu comme la ceinture de sécurité, la bouée qu'on met à un enfant en bas âge, la chocolatine qu'on achète entre deux baguettes: un truc rentré dans les idées, les moeurs, et qu'on voit passer devant soi avec autant de réaction qu'une vache regarde un train rouler.

Et pourtant...pourtant donc, ce matin, BFM a réveillé la France sur une petite chose qu'on aurait pas vu venir. Les masses contestataires anti avortement. Pas à Dunkerque, Limoges ou Fort de France. Non. Mais tout de même, un peu partout autour: Pologne, Espagne, Hongrie etc etc. Un peu partout en Europe quoi.

Certes, l'analyse d'un lien entre "montée des populismes" et "mouvement anti IVG" est un peu expéditive. Que je sache il n'y a aucun populisme, aucun extrémisme au pouvoir en Irlande, à Malte, en Espagne même. Et pourtant les 2 premiers Etats ont sans doute la législation la plus restrictive dans ce domaine; ou plus exactement aucune. Interdiction totale ou presque. Quant à l'Espagne, Mariano Rajoy vient d'être renommé Chef du Gouvernement avec la bénédiction des socialistes et des centristes; pas franchement des opposants à l'IVG les gauchos espagnols...

Paradoxe assez sublime même, l'ultra nationaliste Victor HORBAN a fait insérer dans la constitution hongroise la reconnaissance de l'embryon comme personne humaine...sans cependant abroger le droit  à l'avortement reconnu dans la loi. Brèche ? Menace ?

L'Europe du Nord n'est pas en reste: la Norvège (hors UE), pas franchement l'Etat à rétrograder semble aussi hésitante sur l'avenir de sa législation IVG, relativement libérale à ce jour. Mais jusqu'à quand ?

 

Alors certains ont tourné leur regard vers Bruxelles. Se disant que l'Union Européenne, garante des beaux principes, grande prêtresse de multiples et innombrables directives, règlements avait bien du pondre un texte sur le sujet. Et là, on a eu beau retourner les tiroirs, renverser les bureaux à la Commission, on a rien trouvé. Car dans cette Union Européenne qui se préoccupe de la taille des flacons de parfum, de la pêche à la morue ou du castor en eau douce, aucune disposition ne concerne le droit à l'IVG. Juste un truc qu'on a trouvé: une décision de la Commission Européenne de juin dernier...rejetant toute mesure de l'UE dans ce domaine.

Une jeune étudiante en droit qui avait bien relu ses fiches de première année s'est souvenue qu'à Strasbourg siégeait la CEDH. Une cour européenne des droits de l'Homme, ça sentait bon les jurisprudences libérales, a minima une garantie fondamentale en faveur de l'IVG.

La jeune étudiante en droit, elle en a frôlé l'infarctus. Car là non plus, rien sur l'IVG. Ou plutôt si: en application de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme, la CEDH rejette toute garantie d'accès à l'IVG...au nom de la liberté de chaque Etat d'adopter ou non une telle législation au regard de sa sensibilité sur le sujet.

Les Etats se retrouvent donc libres dans leur regard devant l'IVG. Et nombre de femmes bien seules.

Europe, le grand échec ?

Une fois de plus me direz-vous..une fois de trop sans doute !

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