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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 17:17

Dimanche 5 février. On s'était presque remis, par lassitude, de la défaite des Français sur le gazon de Twickenham, et l'on se disait que, tout de même, perspectives électorales obligent, il fallait faire un effort.

En fait d'un, ce furent deux. Deux meetings. Jean-Luc MELENCHON, le Grand Frondeur comme Condé le fut en son temps, et Marine Le Pen, héritière malgré elle, candidate du FN. Les présidentielles approchant, on s'est rangé à ce mot d'ordre: écouter !

Passons sur le FN, il n'y a rien de nouveau. N'en déplaise à David RACHLINE.

Non, le truc qui aurait pu nous faire frissonner quelque peu, au moins par goût de l'orateur, du tribun romain descendu dans l'arène pour fustiger la Plèbe de sa trop langoureuse paresse, c'était Mélenchon. Curieux phénomène recyclé tous les 5 ans, entre fidélité à Mitterrand, héritage catholique assumé et fougue révolutionnaire à faire rougir Castro.

On a tenu juste 20 minutes. Pas mal, me direz-vous ? Moyen pour un type qui hurle aux foules leur crasse ignorance et les appelle à l'insurrection, au moins civique.

Vingt minutes donc. A peine plus que lorsque je m'étais plongé dans mon premier livre de Charles Maurras, alors adolescent, et que j'avais renoncé, exaspéré par tant de haîne déversée par flots.

On peut être un tribun et raconter n'importe quoi. Mélenchon justement, qui vise Macron et sa bulle médiatique, et qui se plait à se draper dans une toge de professeur libérateur. Le mensonge et l'Histoire ça peut parfois marcher. Cela marche d'ailleurs, en tout cas cela fonctionne. On a vu les foules applaudir à ses propos. Soit, les foules cela applaudit facilement. Hitler et Mussolini auraient pu nous dire comment faire jouir 3000 crétins, juste pris de fièvre, en masse. Le totalitarisme a ceci de pratique qu'il a pour principe de jouer sur les foules. C'est con une foule.

 

 

Celle réunie à Lyon en ce dimanche après-midi elle n'en valait pas tellement mieux. Si l'on en juge par les délires des mains, claquant en rythme, des cris de joie lancés aux cieux. Devant pourtant deux mensonges historiques.

"La Russie a libéré l'Europe". 1945, la neige tombait sur Varsovie. De Russie on ne vit rien. Parce qu'elle n'existait plus ou presque; L'URSS règnait en maître et écrasait tout ce qui ressemblait à un soupçon de nationalisme. Russe ou autre. Soyons aimables et bons joueurs: retirons le terme "russe" et acceptons que dans la fièvre de ce meeting, il fallait y entendre "URSS".

Que Monsieur MELENCHON aime particulièrement Staline, cela le regarde. Mais oser déclarer que Moscou a libéré l'Europe, même face au totalitarisme nazi, cela est affligeant. Car en fait d'une libération, c'est toute l'Europe de l'Est, de Berlin à Yalta, de Tirana à la Baltique que l'on a enfermée, asservie, écrasée. Demandez donc aux Juifs, fraichement sortis des camps, aux résistants de tous bords, de tous peuples, ce qu'il est advenu ensuite... 50 ans de terreur, de régime policier où la déportation remplaçait les fosses communes. Les rares qui auront relevé la tête, en Hongrie, en Pologne auront bien vite vécu. Les chars d'alors ne s'arrêtaient pas aisément.

 

 

Et la foule a crié sa joie. A Lyon...pauvre de nous..Jan Palach a du pleurer de sous sa tombe. La France, fille des Lumières en laquelle il croyait a parfois des mots crus..

Alors comme un mensonge en amène un autre, le second n'a pas tardé. Mélenchon aime les foules. Et il les éduque bien...

On passait au volet social. Et là, quand même, je dois dire que si le café n'avait pas été plus brûlant, j'aurais presque étouffé sur place. De sidération.

"La France, fille aînée de la sécurité sociale". Même mes chats engourdis dans leur sieste ont levé les yeux, sidérés.

Que Mélenchon aime notre "sécu", la protection sociale, celle qui nous aide et qui symbolise un lien collectif indéniable, nous ne lui en voudrons pas. On peut partager même. Mais aller dire de notre bel hexagone qu'il est, aux yeux du monde, à la source de ce système de protection collective, ça non !

En France, on a jamais rien vu de protection sociale avant 1930. Un demi siècle déjà que les Allemands en avaient un. Trente ans que la jeune et frêle Belgique monarchiste en jouissait également. L'Autriche Hongrie avant 18 n'avait pas attendu Paris, ni les Lumières, ni même Lénine...

Jean-Luc M. n'aime certes pas beaucoup les Allemands. Et pourtant, en bon tribun, il maîtrise bien l'Histoire. Alors que dire, sinon la vérité: celle qui oblige à rappeler que ce n'est pas en France que naquit la sécurité sociale, encore moins l'assurance vieillesse. Pas même la protection contre les accidents du travail. Quant au droit de vote des femmes, n'en parlons pas....

Mais la foule a aimé. Elle a crié sa joie devant ce beau symbole. Ce beau mensonge. Cette belle histoire inventée d'on ne sait où. Les hologrammes sont creux. Les beaux mensonges autant.

Ainsi vont les campagnes électorales. On s'enivre de tout. De rien. Et l'on creuse son tombeau. Celui de l'ignorance, source de toutes les erreurs. Et de tant de drames.

 

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