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26 août 2017 6 26 /08 /août /2017 07:30

Edmund Burke et Joseph de Maistre n'en reviennent pas ! Ils avaient construit à eux deux, l'un anglais, l'autre savoyard, la philosophie contre révolutionnaire la plus aboutie. La plus réfléchie. Comme on érige un courant d'idées. Et qui perdure par delà le dernier soupir. Et voilà que...

Qu'on la partage ou non, une idée, construite et pensée se respecte. Et se discute. Voilà d'ailleurs un beau paradoxe. Ce courant aura bénéficié, comme les autres, de ce qu'il rejetait: une vague des "Lumières" qui allait édicter que rien ne vaut plus que le débat, la confrontation des opinions, garantie d'une société libre de penser par elle-même. Loin de Dieu, du Roi.

L'autre jour, un ami dépeignait ainsi notre société: "aujourd'hui, on ne pense plus collectif, on ne pense qu'en catégories. Le "noir" est seul légitime à parler de racisme, le "juif" d'antisémitisme, "la femme" de machisme etc etc..". Dis moi qui tu es, je te dirai quoi penser. Fin des débats. Mort des idées.

Au rang de ces symptômes contemporains est apparu un de ces termes les plus douteux qu'il soit. "l'islamophobie". Et l'on y désigne ainsi celui qui serait "anti Islam", voire "anti musulman". Bien que le lien entre les deux soit des plus discutables. Critiquer une religion ne remet pas en cause le droit de quiconque d'y adhérer.

Bossuet lui même aurait apprécié...

La dernière "Une" de Charlie Hebdo s'est donc attirée les foudres d'une part des penseurs de nos si beaux jours. Charlie aurait ainsi, selon certains, fait acte de termes "islamophobes".

Il y aurait pourtant peu à discuter pour établir un lien entre Islam et terrorisme contemporain. Pas tout l'Islam, certes. Mais au moins un de ses courants, le plus réactionnaire (dans ses concepts) et le plus doué dans ses modalités d'action. Aussi dévastateur que le furent le courant de gauche radicale italienne dans les années 70, ou le pseudo courant libérateur basque ETA faussement étiqueté "de gauche" contre le vilain Franco.

Et c'est ainsi que, désormais, tout discours contre une religion est assimilée à de la xénophobie, voire du racisme. Comme si la critique de concepts amenait à s'en prendre à ceux qui y croient.

Attaqué par Le Midi Libre pour avoir viré de son cours une étudiante voilée, Georges Frêche avait copieusement répliqué. Rappelant que "la critique des religions est un droit fondamental des libertés publiques". C'était bien vu.

Parce qu'il n'y a pas de liberté de pensée sans droit à un discours critique, voire oppositionnel. Tout comme certains sont contre les concepts catholiques, protestants ou juifs, il y a aussi un droit à être contre ceux de l'Islam, dans toutes leurs complexités. Il en va des libertés publiques.

Mais de nos jours, le sexe a remplacé l'humain, l'ethnie a remplacé le citoyen. Le moindre discours critique vous envoie au tribunal. Comme aux temps de l'Inquisition où l'on brûlait quiconque émettait une parole hors du carcan catholique.

Pathétiques temps contemporains où les dogmes remplacent les idées.

Voici revenu l'Ancien Régime.

Diderot doit tant pleurer...Burke et De Maistre quant à eux sourient sans doute.

 

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