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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 02:40

En ces temps de campagne électorale, on ne parle que de cela. D'héritiers. Comme si chacun serait dépositaire de son sang. De sa famille d'idées, celle originelle. Irrémédiablement réduit à suivre une seule inclination au nom d'une loi, celle du sang. Pas très démocratique comme réflexe. 

Léopoldo Calvo Sotelo a expiré il y a tout juste 9 ans. Le 3 mai 2008.

Résultat de recherche d'images pour "leopoldo calvo sotelo 1981"

Il était un héritier. L'héritier d'une mort.

Celle de son oncle José Calvo Sotelo, assassiné par la milice communiste du Gouvernement républicain espagnol, en juillet 1936, a été considérée par les historiens comme le choc provoquant le coup d'Etat militaire, pas encore "franquiste".

Léopoldo Calvo Sotelo était un héritier.

De l'Espagne nationaliste. Ultra nationaliste même. Son oncle, député, ministre, exilé par la République espagnole avant que d'être amnistié. Puis assassiné par les communistes. Pour avoir simplement dénoncé les massacres menés par la jeune république espagnole contre les religieux.

Léopoldo Calvo Sotelo était un héritier.

De l'Espagne catholique. Ultra catholique. Celle des années franquistes qui avaient érigé un ordre moral et religieux des plus rigoristes en règle nationale.

Un jour de février 1981, cet "héritier" de l'Espagne franquiste, catholique et militaire faillit bien mourir. Il aurait pu être assassiné, comme son oncle. Presque au même endroit. Presque pour les mêmes raisons. Léopoldo était assis aux Cortes, sur le point d'être investi Chef du Gouvernement. Quand un commando putschiste a pénétré dans l'assemblée. Se revendiquant et du Roi et du défunt Franco. Tejero armé a même tiré avec son arme.

Ce jour de février 1981, la logique du sang aurait voulu que Léopoldo se lève et applaudisse les putschistes. Tant ils représentaient l'Espagne qui l'avait vu naître, dans laquelle il avait été élevé, baptisé, consacré. Léopoldo aurait du, en toute logique sanguine, se rappeler que son oncle avait été sauvagement assassiné par la République, les communistes quand il avait tout juste 10 ans.

Ce jour de février 1981, l'héritier d'une Espagne où Franco était Dieu a pourtant tourné les yeux ailleurs. Léopoldo a du sentir son sang s'agiter dans ses veines. Il aurait pu renverser la toute frêle monarchie démocratique et son jeune roi. En toute logique...d'héritier.

Mais Léopoldo n'a pas cillé. Il s'est levé certes. Mais pour invectiver Tejero. Et lui rappeler que Franco était mort et que seul Dieu (pour ceux qui y croient) et le Roi (pour tous) régnaient en Espagne. Non plus un dictateur.

Léopoldo, ce 23 février 81, a pris à témoin toute l'Espagne. Puis il s'est rassis. Et a laissé les institutions démocratiques faire leur oeuvre.

Deux jours plus tard, Léopoldo Calvo Sotelo était Chef du Gouvernement. Il y demeura près de deux ans. Deux années où il fut le chef d'orchestre, avec Juan Carlos, de l'affirmation d'une Espagne démocratique où les libertés individuelles n'avaient jamais été aussi garanties.

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Léopoldo Calvo Sotelo a expiré il y a 9 ans. Trois jours plus tard, il "inaugura" la cathédrale de l'Almudena. Il fut le premier chef de Gouvernement à y recevoir l'honneur de funérailles d'Etat. Sous les yeux brouillés de larmes d'un Roi qui se sentait un peu orphelin. Et de toute une Espagne qui comprenait alors tout ce qu'elle lui devait.

Tâchons ce soir, lors du débat, de penser à Léopoldo Calvo Sotelo. Regardons ces deux candidats, écoutons les.

Sans jamais oublier qu'en politique, un héritier cela n'existe pas.

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